C'est tromper la vie qu'ils voulaient.
Le piédestal.
J'ai rencontré Sophie pour la première fois, en tant que représentante d'une entreprise dont nous devions nous occuper de sa publicité. C'était un début d'après-midi. Elle avait garé sa voiture sous les fenêtres de notre société, dont la mienne, parmi d'autres dans la Z.A. aussi grande que le village dont j'ignore encore l'orthographe. Je l'entendis claquer la portière de sa Fiat Uno rouge et tituber dans le gravier humide.
La pluie faisait contraster la blondeur de ses cheveux, qu'elle recoiffait avec ses doigts, un bracelet doré tinta au poignet, ses boucles s'égouttant sur ses épaules. Elle ressemblait à une révélation perlant d'évidence ; je ne sais combien de temps j'avais mes yeux vissés dans les siens. Je devais avoir l'air d'un con mais cela valait le coup d'avoir vécu.
Elle accrocha son imperméable et s'avança vers moi dans une robe noire en laine, un collier de fausses pierres autour du col roulé, des talons hauts. J'ai remarqué que ses yeux noisette trahissaient toujours ses sentiments profonds : elle approuvait, désapprouvait, sans le dire ouvertement.
Toujours pressée, désordonnée, seule, indécise, hésitante et torturée. Elle avait tout un catalogue d'humour autour de ces thèmes. Sa simplicité dans ses relations professionnelles ôtait toute ambiguïté mais elle avait le charme de celles qui l'ignorent, et lui échappait.
Son père dirigeait une grosse menuiserie et trompait sa mère, fervente catholique, qui voulait l’ignorer. Sophie s’enrageait de la voir soumise, et faussement éplorée quand il mourut d’un accident de scie. Elle en avait raté de brillantes études et je veux bien croire qu’elle était bien partie : quelques rencontres plus tard, elle m’avait dit avoir fini de lire un roman, pourtant fraîchement acheté quand elle me l’a montré, il y a deux jours seulement. Elle écrivait d’un seul jet, sans ratures, des lettres fort bien tournées et sans faute.
Mes parents formaient un couple sage, fidèle, je crois, en tous cas solide. Ma mère avait repris la fabrique de pièces d'électricité de son père. J'ai toujours connu mon père malade, depuis qu'il est revenu d'Indochine, dépressif, entre l'hôpital et la maison. Elle voulait que je me charge du marketing de sa boîte, qui subit la faillite. Je ressemble beaucoup à mon père, ce qui m'a inquiété quelque fois mais cela m'a peut-être été utile : J'ai mené mes études sérieusement au point qu'un un ami m'a fait confiance quand il a monté la société où je suis maintenant. Notre entreprise, tous intéressés à son développement, voulait se targuer de penser à tout, de tout faire, et rapidement. Comme mon père, je suis assez grand, mince, la peau claire et le poil noir et dense. J'ai gardé de mon père le goût des belles choses et de l'élégance. J'ai un costume pour chaque jour de la semaine, d'une couleur différente, toujours chaude et neutre : un infecte célibataire.
Deux an s'était écoulé quand j'épousai Sophie et eus d'elle un enfant : Guillaume. Nous habitions une belle demeure, proche, dans la grande et paisible couronne parisienne. Sophie s'était arrêtée de travailler pour élever notre fils et n'a pas cherché à reprendre. Il fallait me rendre à l'évidence. Elle gérait les frais et la tenue de notre maison, entichée de décoration. Je l'ai même surprise en combinaison bleue, avec un zip de haut en bas, en train de maçonner. Cela m'amusa et je voulus la prendre de dos en feignant descendre la fermeture mais elle geignit quelle était sale. Il fallait me rendre à l'évidence. Elle se moucha avec sa manche. Elle ne voulait plus que je l'approche, pas sans raison, pas n'importe quand.
Quinze ans de mariage s'était consumé. Il fallait me rendre à l'évidence : Sophie, ma femme, me trompait.
La chute
Je le savais sans le savoir, à peu près, où elle allait rejoindre son amant. Cela a du durer un an. Un ou deux jours par semaine, elle se levait avec une humeur différente. Ces jours là, j'étais censé être à mon travail. mais j'étais incapable de produire tant que je songeais à ce qu'elle faisait avec " lui " De plus en plus, je n'étais pas là où je devais être. J'observais ma femme, la suivais, l'attendais ici ou là, croyant la surprendre dans les bras d'un con. J'étais minable. Des sables mouvants.
Aussi étrange que cela puisse vous sembler, je la comprenais. Reconstituer un couple désuni, comme si de rien n'était, était inconcevable. Je ne voulais pas être cocu non plus. Il fallait renégocier le tout, qu'elle y trouve son compte et le mien.
Une fois de plus, au lieu de mon travail, je me rendis à l'endroit supposé de leurs ébats : Un petit hôtel à la croisée de départementales, à douze kilomètres. Je garai ma voiture au bout d'un stationnement caillouteux et cabossé par les camions, les trous remplis par la pluie. Le temps était suspendu, entre deux averses. Le vent pliait les pancartes. Les nuages s'amoncelaient en nappes grises jusqu'à l'horizon.
Je la vis sortir en imperméable beige, seule ; elle avait probablement demandé à son amant de ne pas l'accompagner. Sophie, les cheveux blonds mi-longs et en boucles, assez grande.
Elle ouvrit sa portière et s'assit dans sa Fiat Uno rouge. Je descendis de ma BMW grise ; Je me sentis moins digne qu'elle. Je cognai à la vitre côté passager ; Elle sursauta. Elle se pencha un instant sur le siège qui la côtoyait. Elle a probablement cru que c'était " lui. " Quand elle me vit, elle disparut rapidement sous le toit en suçant sa clef de contact. Elle pensait probablement à ce que je lui ferais. Rien.
La portière n'était pas fermée ; je m'installai à la place du mort et fis le malin mais cela ne dura pas. C'était comme si elle était devenue le cocu envers lequel je fus immédiatement presque complaisant.
Il s'était remis à pleuvoir comme si le monde était soucieux de notre pudeur. J'eus une idée en tête mais elle m'empêcha pas évidemment d'être maladroit.
-C'était un bon moment ?
Elle frappa le volant de la paume de sa main. Ma pensée emprunta des chemins improbables entre mes neurones.
-Je pensais avoir bien agi…
-Qu'est-ce que tu racontes ? Elle avait allumé une cigarette.
-Je l'ai bien choisi, bien expliqué tes habitudes, tes goûts, etc.
Cela pouvait être la pire tactique. Elle aurait pu m'interroger, même involontairement : donc, le restaurant… Lequel déjà… ? Enfin ! Nous le connaissons… Tu sais, ton copain de… Heureusement, c'était le parfait inconnu ; je ne dirais pas " le premier venu ", et il avait usé de ficelles assez grosses pour la séduire. Le genre de ficelles qu'un homme souffle à un autre homme. Il lui parut probable maintenant que j'avais organisé leur rencontre. Elle tirait nerveusement sur sa cigarette.
-C'est pour ça que je t'ai demandé si c'était un bon moment, repris-je.
Une larme tomba le long de son nez. Elle regardait à droite et à gauche ; il pleuvait toujours.
"Lui" sortit à son tour de l'hôtel de départementales. Il sembla stupéfait de voir la Fiat rouge encore là, et plus encore quand il vit deux individus à l'intérieure.
-Je ne voulais pas…
-Tu ne pouvais pas faire autrement… j'ai été malhonnête aussi avec toi.
-Patricia ?
-Oui, Patricia.
-…
On s'est tu un moment puis je lui demandai quand ils se reverraient. "Tu veux que je le revois ? !" Je lui rappelai qu'il était son amant, pas le mien. "Et toi ? " Me lança t-elle. J'ai du réfléchir un moment. "Tu tiens vraiment à le savoir ? Je ne revois plus Patricia." Ce n'était certainement pas la réponse à laquelle elle s'attendait mais elle n'avait pas le courage à me reposer la question. Ça ne te fait rien ? Tu n'es pas jaloux ? A quel jeu joues-tu ? Encore un long silence qui, cette fois-ci, semblait apaisé. Elle m'interrogea pourquoi je voulais savoir quand elle reverrait… Francis. Je répondis qu'elle pouvait prononcer son prénom en ma présence - en réalité, je ne le connais que depuis une seconde - et j'ajoutai que je m'intéresse encore à elle…
-On s'est dit jeudi après-midi, ici. Lança t-elle, comme conquise par un grande soulagement.
-Vous n'avez pas trouvé de meilleur endroit ?
-Non…
Je sortis sans l'embrasser. D'habitude, je ne le faisais plus, par habitude. Je lui avait dis que je devais retourner à mon travail. En fait, rien ne m'obligeait et je n'irais pas.
Rencontre du deuxième type
Mon plan avait à demi réussi, il me restait l'autre moitié, d'une autre nature. Je ne savais pas ce qui m'attendait. Je savais, par contre, quand il aurait lieu : Jeudi après-midi.
Ce jour là, j'avais emprunté la Mercedes de mon collaborateur et vieil ami. Je crus lire dans ses yeux tous les soupçons de l'entreprise. Je l'a garai sur le trottoir en face du bar-hôtel, toujours entre deux averses. Je vis la Fiat Uno de mon épouse démarrer, c'est le cas de le dire, et quitta le stationnement. Cette fois-ci, elle avait tenu par la main… Francis, deux mètres après la sortie de l'établissement.
Il s'était garé sur l'ère improvisée qui servait à une usine fermée, derrière le bar. Il n'y avait pas d'autre construction à ce croisement de routes de campagne. J'avais assez de temps pour descendre et rattraper… Francis avant qu'il n'eut rejoint sa Polo noire et partir.
J'avoue m'être un peu trop emballé après la victoire contre, si je puis dire, ma femme. J'aurais du me préparer un peu plus, que pouvais-je lui dire ? Ce fut d'autant plus difficile que je du le héler, courir, reprendre mon souffle en accrochant son épaule. Il m'a demandé si j'avais besoin de quelque chose.
-Je suis le mari de Sophie… Je ne pus dire que cela. Il était terrorisé.
Comme un coup de Jarnac, j'étais parti perdant mais, par désespoir - et par derrière - j'étais d'un coup déjà victorieux.. Je lui dit, presque serein, que je ne lui ferais rien, qu'on était entre adultes. Des adultes joués par des enfants.
Il se remit à pleuvoir. Je lui dis, en remontant le col de mon imperméable, que j'avais quelque chose à lui dire. Cela revenait à lui demander à monter à bord de sa voiture, si j'étais discourtois ; il m'invita à entrer. Il y faisait doux et la pluie s'inquiéta à préserver notre intimité. Francis alluma une cigarette.
-C'est entièrement de ma faute. Je l'ai négligée. Il fut un temps ou travailler beaucoup assurait l'avenir. Maintenant, c'est la spéculation qui m'assure que je ne serais pas à la rue, le mois prochain…
-Elle m'a dit que vous saviez… Mais vous n'empêchez rien ?
-Empêcher quoi ?
Il y eut un silence plein d'embarras au bout duquel Francis me demanda ce que je cherchais. "A ne pas être trompé" Il en conclut que c'était pour cela que je savais où ils se rencontreraient aujourd'hui. Il ajouta, comme pour faire croire qu'il lisait dans mes pensées : "Ce n'est pas suffisant n'est-ce pas ? " Je lui avouai que non. Bien sûre.
-Vous a t-elle parlé de moi ? Lançai-je à regret.
-Un peu…
-Pas suffisamment …
-A quoi vous jouez ? Dit-il en se tournant vers moi en fronçant les sourcils.
-Vous a t-elle parlé de Patricia ?
-Elle m'a dit que c'était à votre tour d'être trompé. Il souriait ironiquement.
-Effectivement, je n'ai rien à dire, et c'est cela ce que je regrette. Je voulais, surtout, qu'elle ne me mente pas. Une lumière me vint à l'esprit, quelque chose qui me rassurait, qui m'invita à boucler la boucle.
-C'est pour cela que je lui ai dit, avec humour, que si vous lui plaisiez… Sachant ce qu'elle savait à propos de Patricia et moi…
Je continuai à semer des preuves selon lesquelles Sophie et lui se sont rencontrés et séduits par mes soins. Connaissant ma femme, c'était particulièrement facile. J'imaginais comment cela s'était passé dans la réalité : elle s'était approchée de lui avec un prétexte qui ne tenait pas debout, bredouilla quelque chose, se découragea, rougit, et finit par l'inviter à s'expliquer autour d'un café. Effectivement, elle se débrouilla ensuite fort bien pour raconter une histoire, quelques mots d'humour, de confidence. Francis, spécula de lui-même que cette version lui a été soufflée. Il complétait ce que je ne disais pas, ou ce que je ne pouvais pas dire, en croyant l'avoir entendu. Il m'avait quasiment tout raconté croyant m'écouter.
Corruption et vengeance.
Le week-end suivant, j'ai discuté avec ma femme. Il faisait beau, pour une fois. Nous deux étions attablés en forêt à quelques dizaines de mètres d'un étang, au bord d'un pré où pères et mères, poussaient des bébés ou coursaient d'autres, plus grands. Des chiens idiots de bonheurs se reniflaient et ramenaient finalement l'objet lancé par leur maître ou maîtresse.
-Il est décorateur, plus bricoleur que moi. Il était venu pour me donner des conseils. J'ai cru que j'aurais su le faire moi-même. Finalement, il est revenu réparer les dégâts. Comme il fallait que ça sèche ou durcisse, il s'est encore déplacé. Je croyais que j'étais honteuse de montrer mon incompétence, ou de le déranger, mais je luttait contre la peur de le désirer.
-C'est lui qui t'a prêtée la combinaison de travail ?
-Quand je t'ai dit que j'étais sale…
-Et ce n'est pas moi qui aurait su réparer tes dégâts. Je n'avais aucune raison de récupérer la combinaison. Tu avais quoi en-dessous ?
-Hein ?
-Ton short bleu, ton haut à brettelles avec une broderie, en forme de fleur. Tu le portait la veille.
-Oui, tu veux tout savoir…
-J'aurais surtout aimé en profité…
Quand Francis à été licencié de sa boîte, je l'ai fait embaucher ; c'était une bonne période. Il ne pouvait pas refuser, de même je le transportais, le matin et le soir, entre le village et l'entreprise. Il voyait ma femme encore de temps en temps. C'était un secret de polichinelle et s'en cachait de moins en moins, comme Sophie. De semaines en semaines, les conversations étaient de plus en plus fournies, puis conviviales. De fil en aiguille, elles tournaient à la plaisanterie, puis à l'ironie gauloise, indiscrète. Arrivés à ce stade, cela redevenait sérieux, autant qu'on puisse l'être autour des affaires de lit.
Sophie et moi refaisions l'amour, par gratitude dit-elle entre les lignes, puis, je crois, par simple plaisir d'être avec moi comme avec Francis.
Un jour, je ne sais trop pourquoi, Sophie me téléphona à l'entreprise, Francis n'était pas venu, pour me demander de venir au fameux bar à la croisée des départementales. J'étais entre deux sentiments. En tous cas, je sentis que je devais y aller. Je pris mon imperméable et partis sous le regard désapprobateur de mon chef. Je parcourai la grosse dizaine de kilomètres qui me séparait de l'endroit. Il commençait à pleuvoir. C'était à la fois excitant et presque inquiétant mais je voulais en avoir le cœur net.
Je rangeai mon véhicule au milieu des nids de poules et des marres. Il me sembla reconnaître la Polo de ma femme. Francis nous l'avait revendue parce qu'il venait de s'acheter une Mercedes. La Fiat de madame avait rendu l'âme. Je n'était pas sûre de reconnaître la petite voiture noire parce que ma femme a du la décorer et la plaque d'immatriculation avait changé depuis peu. Un peu perdu, je m'assis à une table et commandai une bière. C'est le patron qui la servit après qu'il eut terminé de dire des insanités sur le beau monde avec quelques piliers de bar. Il posa mon verre sur la table avec des amabilités de commerce, interrogatif. Il scruta le parking, il n'y avait pas foule. Il avait du apercevoir ma BMW grise.
-Je crois qu'on vous a donné rendez-vous…
-C'est bien possible.
-Pour une… Réunion de travail…
-Sans doute…
Il me dit qu'elle occupait la chambre treize. Je finis ma bière et empruntai l'escalier qui menait aux chambres et cognait sous le numéro treize. Je craignis d'être entraîné dans une histoire à dormir debout et de me faire passer pour un imbécile. Ma respiration cessa. Patricia se tenait en sous-vêtement sur le lit de la chambre treize. Oui, bêtement, je m'imaginais m'être trompé. Mon ancienne maîtresse est une très belle personne. Très sculpturale, petite, brune comme moi, elle avait des formes généreuses et un port aigu. Son menton et son nez étaient pointu ; ses yeux verts et grands ; les cheveux brillants bouclé et longs. Elle se tenait sur ses coudes, un genou replié, portant des sous-vêtements de couleur pourpre, de dentelle, pigeonnants et échancrés. La pièce était claire, fraîche, une éclaircie s'était infiltrée entre les nuages gris jusqu'à dans la chambre. Elle me souriait avec ses lèvres fines et fendues en forme de V, les pommettes gourmande en porcelaine. Je réfléchissais à propos du coup de fil que j'avais reçu à la boite ; j'aurais juré que c'était bien Sophie, même qu'il m'a semblé que c'était la grosse voix de Francis que j'avais entendu en fond.
-Alors, comme ça, tu as besoin de moi maintenant ?
-Heu, j'ai dit cela ?
-Hmmm, je t'avais qu'il te suffisait de me faire signe.
C'est vrai, elle l'avait dit quand je lui avais demandé de ne plus s'attendre à me revoir, autre que pour une relation professionnelle. Elle s'attendait certainement, sûre de son charme comme elle l'était, à ce que je cède à mon attirance vers elle. C'était d'ailleurs cela qui comptait pour elle, plus que l'amour envers moi ou un autre. On était d'ailleurs plusieurs à être sur le grill. Ce n'était pas une histoire d'amour, mais un accord tacite entre adultes. Patricia ne m'a guère attendu et si elle l'avait fait, plus longtemps encore, elle ne se serait que mieux s'enorgueillir d'avoir laissé un souvenir aussi durable. Il restait que ce ne fut pas moi qui lui ai " fait signe " mais un autre. Cet autre, au féminin, particulièrement renseigné et qui croyait avoir une dette de ce genre à mon égard. Je n'étais pas en état de réfléchir jusque là et n'osais imaginer l'enchaînement glauque que cela pouvait entraîner. C'est ainsi que, selon moi, comme si de rien n'était, Patricia m'attendait sur ce lit de la chambre 13, le corps et le cœur fleuri.
-Tu nous racontes ? Me demandèrent Sophie et Francis, à la terrasse d'un café illuminé depuis quelques jours par un soleil d'hiver.
-Hé bien, oui effectivement, par vos soins, je m'étais retrouvé au chevet d'une belle brune.
" Elle s'est tournée vers moi, assise sur le bord du lit. Elle s'est levée et a dénoué ma cravate, s'est mise dans mon dos et a tomber ma veste. "
-Quelle costume avais-tu ? Requit Sophie, taquine.
-Heu, mauve sombre, pourpre. Je réalisais à propos des sous-vêtements de Pat.
-Continue, dit ma blonde, sévèrement.
" Elle est revenue devant et a déboutonné ma chemise. Bleue. Patricia, en se rasseyant, dégrafa mes manchettes et les derniers boutons avant d'extirper ma chemise du pantalon. Elle se releva - pour elle, c'est une sorte de danse - et descendit ma chemise qu'elle déposa sur ma veste. Sur une chaise style Art Déco. Elle revient devant me lécher, sucer mes tétons, ses mains errant sur mon tors, les ongles pointus et… Pourpres. Ensuite, ce qu'elle aime, une saillie un peu sale, elle me branla au travers du tissu, jusqu'à ce que j'aie pollué mon slip. "
Autour de la table en ferraille, l'ambiance devenait lourde et Sophie, gênée, aspira son diabolo-menthe avec une paille. Francis avait un air grave et patient.
" Patricia déboucla ma ceinture, qu'elle ôta totalement des passants, rejoignant la chaise. Elle déboutonna mon pantalon et l'abaissa jusqu'aux chevilles. Elle fit de même avec mon slip, il collait à mon sexe, tirait sur l'élastique pour contempler l'intérieur. La brune tira enfin dessus pour le faire rejoindre mon pantalon à mes pieds. Elle revient à mon torse avec ses mains, sa bouche et sa langue, autour de mes tétons, m'embrassa ; j'aimais plonger mes mains dans son épaisse coiffure noire. Pat m'invita à m'assoire. Elle recommençait à m'exciter du bout des doigts. Elle s'agenouilla sur le lit, alla presque chercher mes pieds pour les poser sur la couette et commençait à défaire les lacets de mes chaussures, à ôter mes chaussettes, qu'elle mit dedans avant de les poser au sol. Elle me massait la plante des pieds pour une raison indéfinie. Je crois qu'elle pensait à sucer mes orteils, puis plusieurs à la fois, mais elle trouva cela ridicule. Elle s'arrêta avec un air dégoûté, dans un sourire et me fit lever. Elle me branla de nouveau et sa bouche s'approcha pour me saisir mais je venais de jouir. Pendant qu'elle suçait mon pauvre vers épuisé et gluant, je dégrafai son beau soutien-gorge pourpre dans son dos. Quand Pat se recula, j'ôtai définitivement le vêtement pour le mettre avec mes habits. La brune revint en tentant d'empoigner mon sexe dans ma toison encore humide.
Quand nous sommes partis, il pleuvait de nouveau. J'ai l'impression que ma BMW avait les pneus usés ; je n'avais jamais le temps de vérifier. Sophie avait vu l'arrière de ma voiture en l'air, le nez dans le fossé. Il vous paraît étonnant que je puisse vous dire cela mais, vous savez, quand on est mort, on peut tout ressentir, partout. Il me semble qu'il y avait une Polo noire qui me collait au cul. Il y avait deux personnes à l'intérieur. Là encore, je la comprends et Francis l'aimait. Certes, d'une certaine façon, ils ne me trompaient pas mais c'est tromper la vie qu'ils voulaient.