Vendredi 10 mars 5 10 /03 /Mars 09:49

Agathe Poursac gérait la destinée d’un bar à l’angle d’une rue avec la Mairie de Marlejac, celle-ci jouxtant l’église dressée au bout d’une place que ces édifices se partageaient. A l’autre bout, se tenaient quelques demeures bourgeoises cachées par des jardinets verdoyants. Du centre, s’élevaient des marronniers dégarnis par le vent d’automne. Marlejac, village de Corrèze, comptait deux mille âmes.

La salle du bar, solidement carrelée couleur paille, comprenait quatre tables rondes. Chacune, le pied central en bois noir et massif reposant sur quatre appuis solides en croix, était recouverte d’un disque de marbre blanc. Elles étaient toutes cernées de quatre chaises, quand les clients ne dérangeaient rien, en bois sombre, courbé aux angles, rivetées côte à côte en haut des pieds et au dos des assises. Celles-ci auraient pu être cannées de joncs ou de rotin, au lieu d’être pleines, mais elles n’auraient pas résisté aux usages.
Les murs étaient tapissés d’un papier rayé verticalement d’infimes lignes allant du vert au bleu-marine sur fond blanc. Le motif élevait le plafond déjà à plus de quatre mètres. Malgré cela, il avait du être blanchi suffisamment récemment pour briller autant le soir, au-dessus de deux globes lumineux éclairant le bar. Chaque lampe était constituée d’un dôme de verre dépoli, ouvert et évasé au sommet, porté symétriquement par une double volute en fer forgé, ceignant une réserve de pétrole, où trempait une mèche s’élevant dans un tube de verre à la base enflée.
Une plinthe lambrissée d’un bois exotique et soigneusement ciré faisait le tour de la salle. Celle-ci comme la façade, le bar faisait une équerre, étroite du côté d’une petite baie vitrée, face à la Mairie, rejoignant le mur du fond, et le côté long laissant un passage à l’autre bout. Il était en chêne, avec un chapeau ouvragé et des panneaux sculptés encadrés de colonnes rainurées. Une planche médiocre et épaisse, sur tout le dessus, était enrobée d’une feuille de zinc. Le bar faisait face aux trois autres grandes vitres le séparant de la place centrale de Marlejac.
Souvent, les époux communistes guettaient la sortie d’église de leurs épouses, depuis la porte à simple croisillon, donnant sur l’angle de la rue, coincée entre les deux baies, ou perchés dehors sur la double marche en ciment.
La porte, comme l’encadrement de la façade, était d’un bois aux pores assoiffés par l’été, et séché par le vent de l’automne actuel. Une peinture assez ancienne, vert émeraude, s’écaillait, ainsi que le nom du défunt propriétaire et époux d’Agathe, en lettres manuscrites blanches : « Chez Gaston »

Il mourut à Verdun, peu après qu’Agathe eut un enfant d’un inconnu. Ceci fit d’elle l’exemple contraire de la vertu selon les critères des habitants. Un soir, comme les autres, la blonde aux cheveux courts bouclés distinguait sa disgrâce, dans les yeux de chaque client pénétrant son bar qui était maintenant le sien.
Elle servait, ici ou là, rinçant des verres qu’elle essuyait avec un torchon d’un geste vigoureux qui mobilisait ses bras ronds, griffant le rebord avec ses ongles rougis, de la même couleur que ses lèvres fines se grignant avec l’effort, ce qui avec ses pommettes saillantes empourprées lui donnait des airs d’enfant furieux. Sa taille moyenne dressée derrière le zinc, vêtue d’une robe à manches courtes parsemée de fleurs bleues et dont le col raisonnablement ouvert révélaient une jolie gorge qu’un collier doré traversait, brillant comme ses boucles d’oreille.
Les bras nus et ronds portant fermement une bouteille qu’elle versait dans les verres, Poursac contournait les tables marbrées et leurs chaises rondes, des dos et des poitrines. Sa robe blanche à petites fleurs vrillant autour de sa taille, serrée d’une poche bleue, carrés et ceinture cousus grossièrement de fil blanc, contenant un tire-bouchon.
La tenue dévoilait des genoux et des mollets modérément galbés, comme Agathe tournait sur ses talons plats, dans un sens différent à chaque pas, sur le carrelage paille.

Agathe essuyait ses verres avec un torchon quadrillés de bandes bleues. Sa hargne à l’ouvrage remuait sa coiffure courte et bouclée, la blondeur enflammée par la lumière descendue des lampes. Elles faisaient briller les yeux clairs et bleus de la patronne tandis que leur chaleur révélait l’intensité du rouge couvrant ses ongles longs, ses lèvres sculptées et gracieuses.
La poitrine fière au milieu de laquelle sa robe était boutonnée de minuscules disques de nacres, verticale comme les infimes lignes vertes et bleues des murs, la taille moyenne de Poursac était écrasée par la hauteur du plafond.
Ils ensoleillaient ses boucles d’oreilles s’agitant autour de son visage blond, piqué de rouge, les pommettes saillantes, le nez petit et pointu, les bras en trapèze, elle frottait en grimaçant. dont la tête ronde vibrait au sommet de son cou fin, les épaules étroites, la gorge dorée par l’éclairage sur lequel se promenait un collier du même métal, éclatant.

Des ivrognes s’accoudaient au bar, nombreux comme les doigts d’une main, et autour des quatre tables disposées dans l’établissement. La poupée russe, allait et venait entre la salle et le zinc, poursuivie par des regards gris et sanguins. Les buveurs se retournaient lentement, attentif au ballon rouge reposant dans le berceau de leurs doigts, observant la danse légère de la patronne sur ses talons plats, la robe blanche et fleurie volant entre des masses sombres.

– Attendez, il ne me reste plus de vin en haut, je dois descendre en chercher.

Les piliers de bar ne bronchèrent pas, garantis d’être alimentés en temps et en heure.
Agathe glissa deux doigts dans le trou d’une trappe, carré de planches de chênes, encastré dans le sol cimenté, derrière le zinc, et disparut dans le trou obscur insondable qui affolerait quiconque.
Elle descendit dans un faisceau de lumière qui tombait de l’établissement, dominant un vide de trois mètres, dix mètres sur dix, allumant une ampoule avec une poire suspendue à une longueur de bras. Agathe s’accrochait à une rampe, une seule à sa droite, qui s’élevait d’un escalier en forme de triangle, mobile pour facilité l’accès et le rangement de la marchandise. Arrivée en bas, la blonde tira quelques bouteilles d’une caisse en bois, les déposa sur une marche à hauteur de tête, puis d’autres encore. Elle s’arrangeait ainsi pour ne pas avoir à redescendre et garder une main libre pour tenir la rampe, trois bouteilles contre la poitrine.
Les six litres rouges et bruyantes déposés au bord du gouffre, Agathe les souleva par le goulot, deux par deux, vers le bar. La dernière glissa entre ses doigts, se brisant sur le ciment, laissant une étoile rouge frappée d’un tesson maintenu par l’étiquette et d’une tulipe ornée d’une bague.

– Mince…
– Ça s’arrose… Dit un buveur à l’humour trempé d’alcool, appelé Claude.

Claude Debrive avait sa ferme, assez grande avec beaucoup de bêtes et de terres, rue Grégoire Balvert, qui se rebaptise « rue de l’église » au coin de la place, comme elle continue devant la façade de l’édifice, avant d’atteindre la Mairie et sa rue qui croise l’autre. Le paysan, la cinquantaine, avait la tête grosse, grasse et pourpre, les cheveux rares et gris à peine plus denses que sa barbe mal rasée. Il était coiffé d’une casquette grise en toile, portait une lourde veste et un pantalon marron en velours côtelé, et une discrète chemise chaude à carreaux beiges.

– Buvez un coup, dit Claude.
– J’ai déjà fait assez de bêtises.
– On attend que ça, ingurgitant son ballon de rouge, et vous n’êtes plus à ça prêt.

« Ben voyons… » Se dit Agathe qui préférait ne pas renchérir en prenant un rouge, assimilable à celui qui conquit ses joues, et l’emporta vers une table qui attendait le breuvage de puis trop longtemps pour des assoiffés. Claude s’était retourné, son aquarium à la main, pour suivre du regard la fille à la robe fleurie de bleu. Elle déboucha la bouteille avec le tire-bouchon qui perçait la poche de son petit tablier bleu, cousu pour l’usage, quand l’homme à la casquette s’approchait de la table.

– sers-toi un verre, dit Claude qui n’aurait pas même tutoyé ses vaches.
– Allez… Ajouta t-il en grommelant, versant approximativement le liquide dans un verre destiné à l’un des trois clients attablés.
– D’accord, répondit Agathe avec prudence en veillant à retirer le verre bien vite pour qu’il ne soit trop rempli.

Elle vida le contenu d’un trait comme pourrait le faire une petite-fille en fin banquet. Frustré, l’homme à la veste côtelé, garnit le récipient aussitôt déposé dans sa marre pourpre.

– Encore un…
– ça suffit !
– T’es bien sage maintenant ! Peut-être faut-il aider la nature…

Claude porta le vers à hauteur du visage, clair et rond de la poupée, mais celle-ci se tourna. Le paysan l’attrapa par le coude.

– Assieds-toi, dit l’homme en désignant la chaise libre.

Un quatrième client attablé ici l’aurait occupé. Les trois qui étaient là regardaient la scène, amusés ou interdits.

Par déséquilibre et inattention, Agathe tomba sur la chaise. Le bruit produit, raclement soudain et coup sourd des pieds en bois sur le carrelage, éveilla l’attention de la vingtaine masculine, buvant et fumant, saisi soudainement dans le silence. Une connaissance de Claude, qui portait toujours un ballon de vin dans les doigts, Gérard, un autre paysan, se retourna par-dessus le dossier rond et noir de sa chaise et tint les poignets de la blonde en robe blanche.

– Tiens, tu vas boire ce que tu m’as promis, mentait-il, et tu vas boire au goulot comme tu n’es pas sage.

Agathe, maintenue sur la chaise, sous le regard des trois clients, et d’autres qui venaient, avalait à contre-cœur le contenu du verre, agitant la tête, produisant des coulées rouges des commissures sur ses joues. Ses yeux crispés, les sourcils fermés, la bouche grimaçante tranchée par le rebord, elle but.

Pendant cette scène, attirées par le même bruit qui saisit l’intérieur, trois femmes attendant leurs maris pour la fermeture du bar, dont l’heure imminente espérait Agathe, entrèrent et s’approchèrent de la table. Elles y avaient vu depuis dehors une femme, encore jeune et très belle, s’agiter d’une façon inconvenante et aguichante.

Les deux premières femmes, habituées de l’église voisine qui partage la place du village avec le bar, purent se glisser parmi les hommes étrangement apeurés. Elles assisteraient en première loge à la scène. Claude versait la bouteille dans la gorge de la blonde comme si c’était pour lui, avec la santé de sa victime, les poignets de celle-ci toujours tenue par Gérard.

Les deux femmes ne virent qu’une vicieuse manipulant des hommes soûles et imbéciles. Thérèse brune, le visage ridé de hargne haineuse, grenouille de bénitier, vint tenir les poignées de la tenancière du bar avec plus de motivation et de force. Debrive finissait la bouteille dans le gosier de la blonde qui s’étouffait.
Mathilde, une blonde terne et âgée assistait avec remord et honte quand Marie, épouse de Claude et presque de Dieu en personne, fendit la petite foule masculine.
Marie ressemble un peu à Thérèse, moins ridée, plus digne et fine, portant une robe bleue, avec dentelle, chapeau et sac à main.
Elle vit son époux ivre se déboutonner la braguette et, quand son sexe insignifiant, perdu sous son ventre, flotta dans les tissus sombres et épais. Cela amusait un quart de l’assistance, un autre enivré, un troisième incrédule et le reste masqué ou interdit. Quand Claude leva le regard tout d’un coup lumineux, il vit son épouse, rapprochée de la réalité, terrorisé.
L’épouse de l’ivrogne, dans un silence comme avant la fin du monde, tourna son visage froid et doux vers celui d’Agathe, grimace barbouillée de vin et de rouge à lèvres, puis vers celui de son mari, effaré comme s’il avait lu la date de sa propre mort. Il reconnut quelque chose que seul deux époux puissent lire l’un chez l’autre, cela rendit étrangement le sexe du paysan moins timide. La blonde, voyant la pendule aligner des aiguilles avec des chiffres, indiquant la fermeture bienvenue, dans les yeux de Marie, vit autre chose : des doigts fripés, pâles et hésitants, cherchant sous les pans d’une lourde veste marron côtelée et d’une chaude chemise à carreaux beiges, pinçant péniblement dans l’ouverture étroite crée dans le velours sombre de la braguette un petit bout de chair rose apparaissant à la lumière, brillant d’obscénité de lubricité, maintenu en envahissant la vision d’Agathe, plongée dans l’ombre, fouillant ses lèvres au bord de la nausée, s’écartant pour ne pas goûter la viande immonde gisant sur sa langue puis, comble de l’horreur, vivante, commença à bouger entre ses joues.
Claude agitait son sexe pour s’imprégner des lieux.

– Allez... Souffla Thérèse à l’oreille d’Agathe, le nez reniflant la sueur régnant dans la toison pubienne du quinquagénaire.

La dévote déployait ainsi tout son vice, malgré elle, en croyant le révéler chez la jeune et belle blonde. La chaise noire et ronde crissait sous la poussée de l’ivrogne contre le front d’Agathe, Thérèse au-dessus de son épaule à laquelle la blonde, ivre, affolée ou maline dit : « Je ferais tout ce que vous voudrez, possédée par le diable comme vous êtes. » Elle croyait mettre un coup d’arrêt à la grenouille de bénitier, mais celle-ci ne prêta aucune valeur à ces propos, l’astuce portant la marque du diable.
Mathilde, dans le dos de Claude, dans une posture indigne, se versa un verre de vin, puis un autre, quand le paysan sortit son sexe imprégné de salive, relié par un filet, échaudé parce qu’il venait d’entendre. La blonde réservée jeta un œil stupéfié dans la direction de l’épouse, arborant un discret rictus, et cueillit le sexe fier de Claude. Elle le trempa dans la sphère rouge, le goûta du bout des lèvres, l’inonda du contenu du verre et suça généreusement, de peur d’en être écœuré, la tige lubrifiée et nauséabonde. Mathilde excita Claude, d’une main agile et alerte, de la bouche aussi, près du visage rougit et évanoui de l’autre blonde, fraîche et angélique. Un jet de sperme ancien et dense, puissamment éjecté du méat s’abattit sur la face démontée, sous l’œil fasciné de Thérèse par tant de luxure si concrète. Elle lâcha les poignets pour saisir le menton et glisser deux doigts fiévreux entre les dents d’Agathe pour que Claude puisse y jouir une fois pour deux, s’étant retenu.
Le paysan, encore imprégnée par l’acte saugrenu de la blonde mature qu’il connaît simplement de nom comme de vue, s’étant fait arroser le membre par le vin, cria : « Tournée générale ! »
Son épouse éclata de rire en renversant la tête, elle aussi, et peut-être plus que les autres, possédée par le Démon. Elle fit lever Agathe et exhiba son visage pincé entre les doigts, les joues creuses, rouge et souillées.

Des jeunes gens alertes et prévoyants, trouvèrent sous le zinc la manivelle qui permettait la clôture de l’établissement à la vue de l’extérieure. Quand les paupières du bar s’abaissaient, Agathe, hébétée, observait les aiguilles de la pendule vers laquelle l’agitation venait d’attirer son attention.

Les trois femmes cherchèrent les bouteilles sur le bar, que quelques-uns ouvrirent ardemment avec les moyens du bord, et burent en faisant déborder de toute part. Les femmes mirent à genoux d’Agathe, arrosée, les poignets liés aux chevilles avec des ceinturons des hommes à qui elle était promise, et sur des verges plus ou moins anonymes ou vigoureuse qu’ils plongeaient dans la gorge de la tenancière du bar.

Les jeunes gens qui avaient aveuglé l’établissement et qui rangeaient scrupuleusement la manivelle là où ils l’avaient trouvée, se demandèrent à quoi pouvait servir le crochet au plafond qui dominait la trappe derrière le zinc. L’un d’eux dit qu’il servait à faire descendre la marchandise dans la réserve puisqu’il n’y avait aucun autre accès.

– De quoi se sert-elle ? D’une corde ?
– Oui, avec une roue qu’elle accroche à ce crochet.
– C’est ça ? Dit le jeune-homme en désignant une caisse en bois sous le bar contenant un attirail ressemblant, dans l’ombre, à une corde et à une roue.
– Fais voir…

Les trois dévotes aimèrent de plus en plus sentir les verges gonfler, se vider de sperme, tapisser la bouche d’Agathe. Les femmes, dont celle de Claude, finissaient par branler les plus jeunes hommes, se polluer le bras et goûter. Prise d’une folie, démente, Thérèse se jeta à genoux et prit en bouche un gros sexe, ravie, Dieu vivant dans sa bouche se dit-elle, et provoqua une bénédiction dont l’absolu serait d’avaler, autant que possible. Caution morale rompue abrogeait toutes barrières.

Mathilde et Marie, Thérèse déconnectée, débouclaient une ou deux ceintures, basculait Agathe dont elles déployèrent les jambes, déchirèrent d’impatiente la robe blanche semée de fleurs bleues, les sous-vêtements, roulèrent les bas aux chevilles. Elles fouillèrent à l’entrejambe pour tenter de rendre la patronne accueillante, couchée sur ses bras joints, douloureux, les genoux pliés et ouverts, les chevilles ligotées, nue. Un jeune-homme, le sexe à l’air comme dix autres, lui versait une rasade de vin dans la bouche, puis sur tout le corps.
Tout autour, bruits de toutes sortes, des rires, des chaises et tables déplacées.

Thérèse, Marie et Mathilde furent emmenées sur des tables ou des hommes vinrent jouir d’elles, rompant des années de retenues inconscientes. Elles prirent plaisir à se laisser conquérir par des corps, à les pétrir, à caresser des flancs velus, à sonder des entre-deux intimes, à sentir palpiter des sexes bandants, à les sucer toutes entières, à s’étouffer de leur grosseur et longueur. Elles se régalèrent à téter des glands frais et frétillants, des noyaux de bourses bien remplies, à les rouler dans l’herbe rosée de leur jardin intime.

– Non ! Cria Thérèse, amoureusement ferme. C’est Elle qui aime ça…

La brune ridée et aiguë, assez lisse sur tout ce qui n’est pas son visage, sa poitrine nue entre les pans de sa robe, portant encore chapeau, ayant remonté sa culotte. Elle désigna Agathe. Elle était encore allongée, ivre et rouge, les bras tirés sous elle et les cuisses pantelantes. La grenouille de bénitier, encore persuadée de rendre justice sans se compromettre, tenta de soulever la blonde sucrée et avinée par les épaules, en vain, puis aidée par deux jeunes hommes pour la redresser contre le bar.

– Par derrière… Chuchotait la mégère, montrant discrètement et fébrilement la courbe ronde et ferme de l’ange blanc dégoulinant de rose.

Ses poignets, agrippés au zinc par manque d’appuis, et les chevilles étaient encore liés. Agathe sentit des mains tenir ses hanches, la tirée d’avant en arrière, la secouée avec un grognement d’agacement. Un bout de chair humide, avec une raideur dans l’âme, perçait entre ses fesses, frottait les plis de son anus, appuyait, glissait, cherchait encore quand, glissant de nouveau, il rompit à demi la barrière et se retrouva à moitié enfoncé. La blonde n’avait guère de résistance à opposer quand l’homme commença à avancer de nouveau, plusieurs fois, prenant les épaules.

Les hommes préférèrent se repaître des femmes, plus réceptive que le bonbon sucré, recouché au milieu de l’établissement, le sien. L’épouse de Claude comme les autres, excitées par la sodomie à la chaîne dont Agathe était l’objet, acceptèrent de la pratiquer et, sans savoir que cela pouvait se faire, se firent même besogner par leurs deux orifices à la fois. Les hommes attendirent, désireux de découvrir ce plaisir méconnu, qu’un d’entre eux jouisse dans un des verres alignés sur une table déplacée contre un mur, principe décidé quand ce n’était encore qu’un jeu, pour prendre sa place dans un trou. Que sa propriétaire sache qui s’était, ou qui se serait, n’avait aucune d’importance. Ce qu’aimait, Marie, Thérèse ou Mathilde, est que leurs doubles pénétrations fussent renforcées par un sentiment de nombre, de masse, de continuité et d’anonymat. Les trois femmes fermaient presque les yeux quand c’était par le devant qu’un homme cédait sa place à un autre, avant de blottir le menton dans son cou.
Vers la fin, était devenu le défit que chaque homme eût pénétré chaque orifice de chaque femme. Le jeu reprenait le dessus. On invita les trois grâces à boire un ballon de rouge sur lequel flottait une écume de sperme qui s’était détaché du bord et dont le reste, dans le fond, avait troublé le nectar.
Marie, Thérèse et Mathilde burent avec une grimace ponctuée d’un sourire satisfait. Mais elle se rendirent compte qu’elles avaient oublié Agathe, versées dans le vice dont elles accusaient pourtant la blonde, propriétaire du bar, d’en être la source. Elles se convainquirent tacitement que cela était du au talent insondable du démon qui la possédait, malgré le fait qu’elle était ligotée aux membres et couchée, soûle.

– C’est la semence qui l’enivre, pas le rouge. Il servira à diluer, sinon elle se tuerait avec, tant elle en a envie, dit Thérèse.

Elle prit une demi-bouteille de vin, versa un filet dans un verre troublé de sperme, qui se liquéfia, ajouta deux gouttes quand le mélange se figea de nouveau, puis le coula dans un autre verre souillé.

Le manège continua ainsi quand trois jeunes hommes, rhabillés, allèrent visiter les appartements d’Agathe au-dessus de son bar. Ils crurent que le vol était également permis. Il y a avait aussi une remise à l’étage. Des alcools chers, en cas d’événement, y étaient. Ils avaient oublié une chose : un chien gardait le lieu. Quand, ils ouvrirent la porte, ils eurent peur, mais l’animal était surtout heureux de fuir l’exiguïté. Les jeunes gens, après avoir céder le passage au beauceron, revinrent à l’idée première. Ils entrèrent dans la pièce.

– Il y a une caisse, là, mais c’est fermé.
– Ce n’est rien, regarde.

La boite en chêne était maintenue close par une corde vrillée et bloquée par une tige en bois.

– Qu’est-ce que t’as dit ?
– Il devait avoir faim.
– Je crois que t’as raison.

Il fit pivoter la baguette pour que la corde, plus chaste, puisse se dérouler et libérer le couvercle en planchettes. Il enroula la corde autour de la tige avant de la glisser dans sa poche et de prendre, comme ses camarades, quelques bouteilles de champagne puisque c’était de cela dont il s’agissait. Le garçon qui avait vraisemblablement quelque chose en tête, prit également la gamelle du chien.

Par Maximilien Licenz - Publié dans : maxlicenz
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