Mardi 14 mars 2 14 /03 /Mars 08:00

Cherry Hurley conduisait sa Mercedes jaune-pâle, ses longs cheveux blonds et bouclés volant au vent de la route. Il n'y avait pas de souffle autrement sous le soleil de ce juillet sans nuage.
La jeune-femme de vingt-cinq ans roula sur un long chemin bordé de barrières et de prés, gara sa décapotable sur la place gravillonnée qui s'étalait au pied de la demeure blanche du ranch famillial près de San-Antonio. Cherry claqua la longue et basse portière du véhicule qui tournait le dos à trois niveaux de fenêtres et aux piliers en arc de cercle de l'entrée. Elle marcha péniblement dans les graviers à cause de ses hauts-talons à lanières dorées.
Petite mais pulpeuse, elle portait une robe azure, légère, ondulante, avec des effets de transparence. Celle-ci, coupée en biais entre le genou et le mollet, était piquée de fils brillants au soleil. La blonde pinçait, dans ses doigts ornés de bagues, un sac à main mauve à chaînette dorées.
Cherry avait un beau visage finement décoré, comme celui d'une poupée russe, d'une petite bouche enfantine, rose et glacée, d'un nez retroussé et pointu, et d'yeux bleux minuscules et brillants.
Le carrelage blanc à motifs antiques des abords de la piscine, lui sembla agréable. Elle s'assit nerveusement sur une chaise laquée blanche à élastiques, à gauche des piliers de la maison qui l'avait vue naître.

Sue Hurley traversa la baie vitrée qui s'étalait sous les deux étages de la demeure pour traverser l'abord carrelé de la piscine. Elle fit trois mètres, soit jusqu'au bord de l'eau, pour se rendre compte que sa soeur était là, près du côté court, et soucieuse.
Dix ans de plus que la blonde, la brune était plus grande et fine. Ses cheveux étaient coupés au carré, légers et teints délicatement en cuivre. Elle portait un pantalon gris, qui mettait en valeur ses longue jambes, et une veste bleue-marine sur un corsage en satin blanc, naturellement associé à un collier de perles.
Son visage était plus rond que celui de sa cadette; l'oeil était noir et le menton vif. Elle ferait plutôt penser à une asiatique, d'une haute taille.
Sue s'assit face à Cherry, sur une chaise semblable. La blonde se rendit compte que son aînée avait son corsage déboutonée jusq'au milieu de sa poitrine, plus délicate que la sienne. La brune croisa ses jambes et les maintint ainsi en croisant sur son genou ses doigts longs et rougis aux ongles, comme ses lèvres. Elle décrivait des cercles avec la pointe de son escarpin noir verni, ouvert jusqu'à la naissance des orteils.

– Cherry, tu n'es pas chez Franck ?
– Non. Je… Je n'sais pas… T'es t-il arrivé d'avoir peur de quelqu'un ?
– Qu'y a t-il ? Demanda Sue en fronçant les sourcils.
– Il est excessivement jaloux, mais…
– Oui ?
– Il aime me prendre en photo…
– C'est normal… Dit Sue, presque rassurée.
– … En sous-vêtements… Sue sourit. Mais il le fait sans arrêt… Dit Cherry en s'ennervant.
– Il est photographe…
– Bien sûre… Il n'est pas très bon… Il refuse que d'autres, professionnels le fasse. Dit la blonde, les yeux bleux un peu humides.
– Il est jaloux…
– Mais ce ne sont que des photos anodines. Les siennes, il les tapisse sur tous les murs de la chambre, mêmes les plus dénudées, répondit la cadette, presque en colère.
– Hmmm, je dois y aller…
– Où ça ?
– Chez Franck ! Quelle est son adresse ? Demanda Sue , debout.
– …
– Son adresse…
– Heu… 1455 Pine Street à San-Antonio. Lâcha la soeur cadette.

Sue Hurley traversa les abords blancs de la piscine et monta dans sa Jaguar verte garée derrière la Mercedes de Cherry. Elle chaussa ses immenses lunettes rondes et noires, ramassée sur le tableau de bord, et démarra en patinant dans le gravier.

***

La grande brune stationna dans, Pine Street, une grande avenue déserte et chaude de San-Antonio et la traversa. Sue sonna au numéro 1455, une maison à enduit beige à porte ronde de bois vernis. Elle dut revenir à la charge au bout d'un poignée de secondes mais la maison de style mexicain s'ouvrit brutalement. Un homme à boucle blondes négligées apparut.

– Bonjour, Sue…
– Bonjour Franck, je dois te parler.
– Très bien, entre…

Franck avait trente ans, soit cinq ans de plus que Cherry et autant de moins que sa soeur. Il avait un charme certain malgré son air endormi et son manque de soucis esthétique pour lui-même. Il portait une chemise à rayures bleues qui pendait sur un T-shirt gris, la même couleur que le pantalon de Sue, un jean modérément usé sur les cuisses et des chaussures de marin en croute marron, sans chausette.
Ils traversèrent un vestibule ocre meublé de fer forgé vers un salon à meubles en bois massifs et une grande table en verre. Sur la droite, il y avait une petite pièce pour la lecture ou la vidéo.
Sue et Franck s'y rendirent. Les murs étaient d'un jaune chaleureux ornés de motifs d'un type local. Ils s'assirent dans deux énormes fauteuils classiques.

– Voilà… Cherry t'aime bien mais…
– Mais quoi ? C'est elle qui t'envoie ?
– C'est moi qui a eu l'idée… Elle ne veut pas être exposée comme tu le fais.
– Heu… Ha bon ?
– Je veux dire, pour les photos… Dans votre chambre.
– Ha oui…
– Elle n'est pas prude, je ne crois pas, mais dans l'intimité uniquement. Si elle aime les belles photos, c'est pour elle, et toi, uniquement.
– Je vais lui faire la surprise; je vais décrocher les photos.

Franck se leva et disparut. D'après les souvenirs de Sue Hurley, il avait du tourner à droite dans le salon et longer la cuisine située derrière. Plus loin encore, un couloir court en equerre avec le premier, clos par les murs qui encadraient le logement, commençait à gauche par la chambre, puis celle pour les amis au carrefour, et donc immédiatement visible, et une salle de bain à droite.

L'homme n'a pas le sens des usages et Sue ne se souvenait plus très bien des couleurs. La brune s'extirpa de son fauteuil et commença à errer dans le petit salon, puis la grande salle et s'aventura dans le couloir. Elle s'approcha de l'entrée de la chambre par la gauche et trouva Franck en train d'enlever les punaises et de ramasser des photos. Sue en trouva une.

– Tout de même… dit Sue en voyant Cherry en culotte les bras croisés sur sa poitrine. Vois-tu encore Paul, Clyde et Liv? Ajouta t-elle en guise de question.
– Oui, bien sûre ! Répondit Franck.
– Les connaît-elle ?
– Cherry ? Franck questionna du regard, sans réponse. Je vois… Pas encore… Il avait un petit sourire en coin. Elle connaît Jane et Jack par contre…
– Heu… Evidemment… Elle sourit également. Bon, je dois rentrer parce que… Cherry doit se demander se qui se passe.
– J'espère que cela ira mieux entre nous maintenant… Au fait, Paul et les autres seront là mardi, toutes la journée, Jane aussi.

Franck continua son arrachage de punaise sans dire un «au revoir» quelconque, c'était ainsi. Sue partit lentement et, quand elle passa devant le petit salon, elle remarqua le téléviseur et le meuble qui le supportait. Elle entra en guêttant par-dessus son épaule, s'accroupi devant l'écran et ouvrit le lourd meuble de bois sombre. Elle sortit quelques boîtiers de vidéos dont elle lut les titres : «Tarzan, Jane et Jack», «La femme au robinet», «La femme au coupé et au rétréci», etc. Elle haussa des épaules, rangea rapidement, et partit réellement. Sue Hurley traversa Pine Street, monta dans la Jaguar, avec ses lunettes de cantatrice sur le nez, et démarra dans un crissement de pneux.

***

Sue était de retour au ranch et gara sa Jaguar verte là où elle était, après la Mercedes de Cherry. La soeur cadette était toujours sur sa chaise au bord de la piscine, le soleil de juillet filtrait au travers le bas de sa robe bleue. Elle avait, entre temps, cherché un livre et le lisait, une jambe sur l'autre, le pied en l'air, chaussée de hauts-talons à lanières de couleur or. L'aînée ôta ses épaisses lunettes noires et heurta le carrelage antique des abords de la piscine avec ses escarpins noirs.

– Je lui ai parlé… Elle secoua involontairment Cherry hors de son livre. Je crois qu'il ne se rendait pas compte; il t'aime un peu trop, ajouta t-elle.

La blonde souria à moitié avec ses petites lèvres roses et ses yeux bleux, rehaussant quelque peu la rondeurs de ses paumettes et creusant ses discrètes fossettes. Elle se replongea dans son livre. Sue Hurley contourna l'angle de la piscine pour disparaître derrière la baie vitrée.

***

Sue ne pouvait pas fermer l'oeil dans la nuit de lundi à mardi. Quelques images tournaient en boucle dans sa tête, celles des boîtiers des vidéos de Franck. Elles bougeaient devant elle, spectatrice se voyant actrice, actrice se voyant spectatrice, sous diverses allures et époques.
Revint à la surface également, le visage d'une autre fille beaucoup plus jeune, comme elle, se découvrant et caressant mutuellement leurs poitrines minuscules, leurs ventres, fouillant dans leurs collants et culottes, s'embrassant studieusement. Une femme, vingt ans plus âgée, les regardait, agenouillée et nue dans le dos de Sue sur le flanc. C'était à cause de cela que son image avait été oubliée et paraissait encore floue.
Sue Hurley, une bonnne quinzaine d'années plus tard, se reveilla de bonne heure, en sueur, et toute humide. Il faisait à peine jour à la fenêtre de la demeure familliale. Sue faisait comme elle entendait; Il était très tôt et Cherry dormait dans son appartement d'Austin. Elle avait pris une très longue douche et descendit en nuisette blanche à la cuisine où elle prit son petit déjeuné, seule. Elle remonta et s'habilla avec une robe rouge cintrée sous la poitrine qu'elle cachait d'un voil plissée contournant sur la nuque. Ainsi, la tenue semblait longue mais s'arrêtait largement au-dessus du genou. Sue se maquilla avec autant de rouge et d'insistance, sous les paumettes et sur les paupières. Sue voulait paraître un peu «mauvais genre». Elle tournait devant son psyché avec ses escarpins rouges et, en se regardant faire, elle remonta sa robe, se pencha et descendit la culotte qu'elle venait d'avoir enfilée.
Sue sortit par l'entrée principale de la maison blanche et grimpa dans sa Jaguar verte; le soleil venait à peine de se détacher des toits des écuries. Elle conduisait avec ses lunettes noires et rondes jusqu'à San-Antonio, Pine Street. La brune descendit de sa voiture; il y avait du monde parce que cet été n'était clément qu'à ces heures-ci; elle n'apprécia sa nudité sous sa robe qu'à ce moment-là. Elle avait oublié d'ôter ses lunettes et de les laisser sur le tableau de bord. Sue se cachait derrière pour observer les gens et traverser la large avenue en brassant sa robe rouge avec ses bras.

La brune à la coiffure carrée sonna à la porte 1455, puis à nouveau, Franck apparut dans l'ouverture avec un sourire plus large que d'habitude.

– Je savais que tu allais venir; tu es très belle…
– Merci.

Franck et Sue transitèrent par le vestibule et l'angle de la salle à manger vers le petit salon. Derrière les fauteuils et un solide meuble bas où il rangeait bouteilles et objets fétiches, un canapé tournait le dos, à distance. Il faisait face à une fausse cheminée éclairée par des lampes cachées dans des buches creuses en plastique, cependant de fière allure. Paul, Clyde, Liv et Jane y étaient assis; Sue et Franck passèrent devant eux.

– Bonjour Paul.
– Sue…
– Clyde, Liv…
– Sue…
– Jane…
– C'est drôle que tu l'appelles par son prénom, dit Franck.

En se penchant sur chacun et chacune d'eux, la femme en rouge et lunettes noires, qu'elle avait gardé, baisa leurs joues puis, hésitante, un peu de temps s'étant écoulé depuis leur dernière rencontre, mêla ses lèvres aux leurs d'une manière assez gourmande et hargneuse. Quand elle eut déposé ses lèvres sur celle de Jane, elle se redressa et remonta sa robe; elle exhibait son sexe.

– C'est bien, met-toi à l'aise.

Sue ôta sa robe et la jeta sur le meuble bas derrière les invités. Elle n'avait pas quitté ses lunettes rondes et noires. Clyde la caressa d'une façon flatteuse, Liv et Jane, un petit peu. La brune s'avança sur le canapé vers Paul et déposa sa toison sur le bouche de Paul qui l'embrassa amicalement et ironiquement.

Paul était un «cul-de-jatte», les deux jambes stoppées plus haut que les genoux, blond avec une raie sur le côté de la chevelure et une moustache brousailleuse plus rousse. Il portait une chemise blanche en lin froissée et entrouverte, un paquet de cigarettes dans la poche, un pantalon de toile bleu-marine coupé et roulé vers l'intérieur. Il se tenait les bras étalé sur le dossier sur le canapé par habitude et équilibre. Il avait un torse et des bras puissants puisqu'il était obligé de s'en servir plus qu'un autre homme.
Clyde, le nain, était brun, les cheveux très courts et rarefiés sur le dessus. Son visage avait une forme spéciale : le front osseux se projetant en avant comme son menton. Ses yeux étaient noires et ronds. La tête semblait un peu grosse par rapport à un tronc cyclindrique et surtout par rapport aux jambes courtes et noueuses; les bras étaient de même nature. Clyde était plus grand que Paul sans ses jambes.
Liv était une femme noire, vingt-cinq ans, les cheveux sombres comme la suie et longs comme un jour sans fin, mais très brillants et épais. Ils allaient plus bas que ses hanches, inexistantes. Comme elle avait une taille un peu courte et peu de proitrine, elle faisait penser à une adolescente. Elle portait une longue et fluide robe noire et sa coiffure était nouée en chignon.
Jane était une femme âgée de cinquante-cinq ans, une blonde aux cheveux courts aux boucle sages, le tout faisant une sphère stricte. Elle avait une robe à fleurs rouges sur fond blanc qui se zippait dans le dos, au grand décoletté et qui lui moulait les seins, le ventre, les fesses et les cuisses, longue jusqu'au-dessus des genoux.

– Vous voulez voir ce que j'ai préparé ? Demanda Franck

Tous acquiècérent plus ou moins clairement mais franck prit la main de la femme nue et, suivi de son petit monde, il remonta le long couloir, puis le court. Au bout, il y avait une porte à huit petites vitres; elle donnait sur un petit chemin ombragé bordé d'un grillage, à gauche, et d'un mur de parpaings peint en gris-bleu. Deux portes se faisaient face, l'une en grillage, l'autre en fer comme si c'était un endroit risqué. Le soleil tombait en biais sur le corp de Sue Hurley qui ne portait que lunettes noires, maquillage fort et coiffure carrée, si l'on peut dire.

Tous entrèrent par la porte pleine, derrière Franck, qui verouilla le lourd panneau.

Par Maximilien Licenz - Publié dans : maxlicenz
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