La chambre est plongée dans la peine-ombre. L’éclat du soleil passe par une fenêtre, un rideau à demi tiré. On distingue à peine les motifs sophistiqués du papier peint, des tissus. On n’aurait pas remarqué davantage un corps s’il n’avait pas été nu. Il n’a de féminin que les hanches évasées et l’arrondi des fesses. Cette femme semble être occupée à quelque chose. Son corps plat et exsangue est posé à plat sur un lit, aligné. Aucun signe de décontraction. Ce qu’elle fait ne lui procure aucun plaisir apparent. Elle semble le faire par devoir. Ses bras semblent entourer quelque chose. Ses seins, qu’on imagine aussi ternes, paraissent ne pas toucher le matelas. Les cuisses sur lesquelles elle repose échappent à la lumière. Prudemment, elle tient une verge à la base dans le cercle fermé de son pouce et de son index. Des doigts se promènent au hasard sur sa chevelure brune et courte. Philippine est sérieuse, raisonnable. Elle est enseignante. Elle regarde au travers de ses lunettes rondes le fil velu qui joint le nombril au pubis de Patrice. Le teint pâle. Pas de frivolité. Elle fait frétiller sa langue au bout du gland. La pointe en fait le tour. Ses lèvres réfléchies glissent sur une petite longueur.
Dans les débris de ses pensées, Patrice imagine un idéal féminin, une rencontre du passé qui amènerait cette conséquence. Dans la poussière lumineuse de plaisir, une rencontre vécue une semaine plus tôt s’imposait.
C’était à l’université, un bâtiment blanc et anguleux. Les étudiants circulaient par groupes ou s’appuyaient, s’asseyaient, en formant des cercles. Des garçons discutaient tout bas en marchant, tirant sur une cigarette d’une manière très appliquée. Des filles plaisantaient en cheminant dans l’autre sens, le visage clair, les cheveux au vent, en noir ou en couleurs ternes, les mains rentrées dans leurs manches. C’était entre une aire et un auvent incliné transversalement, perché sur des piliers carrelés blancs, protégeant des entrées vitrées.
Patrice, trapu, blond aux yeux clairs, jovial, portant un pull à grosses rayures horizontales, de couleurs vives et un pantalon de velours côtelé beige, avait traversé la place, pénétré le bâtiment, emprunté l’escalier large et décharné. Il s’élevait depuis le hall immense au toit plat translucide sur ses deux faces. Il circulait dans les couloirs en trimbalant une vieille serviette qu’il balançait dans sa démarche sinueuse, saluant les uns et les autres, un sourire béat aux lèvres.
Alors qu’il s’engageait dans une voie, il vit une fille se tordre de douleur, tout d’un coup, ne tenant presque plus debout. Sa nature lui commandait à s’enquérir platement auprès d’elle. Elle avait des petites jambes dont le corsaire et les petites chaussettes trahissaient une fragilité apparente. Une queue de cheval courte à la pointe du crâne, une frange devant, brune, mignonne. Un T-shirt moulant rose frappé d’un logo. Elle avait une petite poitrine fière qu’on aurait pu prendre pour un large pli de son vêtement. Il avait posé sa serviette au milieu du couloir et sa paume sur le dos courbé de la fille. Elle sautillait sur un pied, s’appuyait contre le mur puis le flanc de l’enseignant. Il entoura ses épaules et l’aida à s’avancer en attrapant sa serviette qui s’éloignait.
– Je vous accompagne jusqu'à l’infirmerie…
– C’est que j’ai terminé mes cours pour aujourd’hui… Ma mère est infirmière de nuit… Elle sera encore là… sauf si je m’attarde ici…
– Vous habitez sur la route de Chartres…
– Oui.
Ils montèrent dans la Renault 21 grise. La brune dépassait à peine le toit. Le soleil indien de novembre frappait les doigts de Patrice sur le volant.
Patrice, plonge sa tête entre les cuisses de Philippine. Elle passe ses doigts dans les mèches blondes de son homme. Enthousiaste, il pose ses mains à l’intérieur des jambes de son épouse, les écarte, les caresse.
Ses pensées se précipitent dans sa tête. L’une d’elles s’impose naturellement. Une élève à elle restait à la fin d’un cours. Une petite blonde à couettes, caleçon à fleurs, pull vert. Philippine s’assit sur une table. La jeune-fille s’approchait d’elle et posa ses mains sur les genoux. C’était un geste étrange. Philippine portait une jupe de safari. Elles se regardaient les têtes basses. Lentement, l’enseignante s’ouvrit. La petite caressait de plus en plus loin l’intérieur des cuisses. Quand elle posa ses lèvres là, Philippine bascula en arrière. La fille descendit le slip, embrassa prudemment la toison brune qui s’humidifiait. Elle goûtait la rosée du plaisir, les perles interdites. Philippine se tordait sous la lumière froide d’automne. La salle était glaciale. Philippine se mit à quatre pattes sur la table. Son élève passait sa langue pointue entre ses lèvres fraîches et électriques. De ses pouces, elle élargit le passage et y engouffrait davantage sa bouche. Ses doigts s’y croisaient, tournaient.
Patrice porte les genoux de Philippine sur ses épaules. Le jour illumine le dessous des cuisses. Il entre en elle, y pénètre totalement, ferme les yeux, une image lui vient soudainement.
La brune, dans la voiture, avait mit sa main à son entrejambe. Il sursauta, fit un écart au volant, jeta un regard stupéfait à la jeune-femme. Elle souriait, se mordait la lèvre inférieure, sortait sa langue. Il lui arracha le poignet. Elle recommença, ouvrit la braguette. Il l’interdit à nouveau. La fille répéta, plus en profondeur. Elle glissait dans son slip, sentait la rugosité de sa toison pubienne, apprécia la courbe de son sexe froid, alla au bout du gland et se referma sur sa bourse.
Philippine est à quatre pattes sur le lit. Patrice accélère le va-et-vient. Ses pensées se bousculent de nouveau dans le crâne de l’enseignante. Comme si le plaisir poussait derrière ! A moins qu’elle tente de le repousser.
Il y avait une fille dans la voiture de Patrice. Il ne s’en était pas caché, il la raccompagnait chez elle pour cause de torsion de cheville. Il était passé par la maison pour prévenir sa femme. Il n’y avait pas lieu d’être jalouse. Il lui avait présenté la fille, elle le connaissait puisque c’était l’une de ses élèves.
Patrice et Philippine tournent le dos à la porte de leur chambre. Une ombre obscurci le peu de lumière qui éclaire la moquette grise. Des pieds prudents et lents s’y posent. Quelqu’un s’approche. L’enseignante tourne la tête et sourit.
– Sixtine…
Patrice la voit à sa hauteur. La fille pose sa main sur son épaule et regarde avec complicité le sexe entrer dans l’autre. Elle sourit à Patrice. Il lui dit :
– Tu as encore changé de couleur de cheveux !
– Elle à reprise celle qu’elle avait quand tu l’as rencontrée… Elle prétendait avoir tordu sa cheville… Interrompit-elle.
Philippine enlaça la jeune-femme, prit du plaisir. Comme Sixtine, elle est belle.
Mai 2025 | ||||||||||
L | M | M | J | V | S | D | ||||
1 | 2 | 3 | 4 | |||||||
5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | ||||
12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | ||||
19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 | ||||
26 | 27 | 28 | 29 | 30 | 31 | |||||
|