Dimanche 12 février 7 12 /02 /Fév 13:24
Cocktail Mathilde
La dette

Je me garai en travers des pointillés de la seule place disponible. J'avais encore ma bruyante Peugeot 504 crème, percée ici et là par la rouille.
Je coupai le contacte, descendis de ma voiture et mis la clé dans la poche de mon manteau.
C’était en pleine nuit d’hiver, la pluie commençait à traverser mon imperméable beige. Je portais en dessous un chaud costume gris sombre bon marché, et une cravate fine en cuir rouge.
Je pénétrai une boîte de nuit : L’Incandescent. La musique me martyrisait les tympans et les lumières, colorées et tournoyantes, m’étourdissaient. Je traversai la foule euphorique et bondissante sous l’emprise d’une joie approximative et angoissante.
-Marco est là ? demandai-je au barman homo et moustachu en chemise remontée sur les bras.
-J’crois pas… J’eus une peur bleue
-J’vérifie… Il appuya un bouton d’interphone.
-Marco ? Un type, un certain… Incertain ?
-Incertain… Gérard Pecqueux.
-Bernard Pecqueux, hurla t-il à cause du bruit, la musique des années quatre-vingts.
-Montez…
J’eus juste le temps de remarquer une fille, menue mais mignonne et bronzée, en mini-jupe, dont le petit ami se pressa contre son dos et descendit sa culotte. Elle sirotait un diabolo-grenadine avec une paille, l’air de rien, mais néanmoins émoustillée. Il semblait tenir son sexe et sonder celui de sa copine et guettant le peuple autour de lui. Je serais bien resté pour regarder, voir me proposer à la fille. Elle aimait peut-être le faire avec des inconnus, en plus de se faire observer par eux.
J’avais autre chose à faire: Une affaire urgente voir vitale. Je grimpai l’escalier qui se cachait derrière le bar. Il y régnait une obscurité et un semi-silence sourd qui, par contraste avec la salle, me déséquilibrait. En haut, une porte dont ne distinguait que la poignée dorée, terminait la montée. Je la tournai et entrai.
Le bureau de Marco était orné des portraits des actrices pornos dont il avait lancé la carrière. Elles s’effeuillaient dans un théâtre duquel il était également le propriétaire. Les murs étaient tapissés d’un faux velours bleu à fleurs. Il y avait quelques meubles style empire, des vitrines avec des statuettes, un beau tapis d’orient au centre. Devant moi  s’étalait un grand tableau moderne sous lequel trônait Marco et son bureau « art nouveau » à marbre clair.
-Qu’est-ce qui me fait l’honneur de te revoir ?
-…
-Tu me dois quelque chose, n’est-ce pas ?
-C’est vrai… Mais… J’ai mieux.
-Mieux ?
-Voilà… L’électricité des appartements de la banque n’est plus aux normes depuis longtemps…
-Et, en taule, un type m’a dit que, durant un temps, l’établissement serait sans possibilité de se protéger…
-…
-… Il suffirait d’être quatre…
-Tu te fiches de moi ! Regardes, j’ai un bar et un théâtre à moi. J’ai « pignon sur rue », une réputation à peu près correcte, et tu voudrais que je cambriole une banque ! J’suis pas maso tout de même ! Rembourse ta dette, c’est tout ce que je demande !
-Dans ce cas, il faudra juste un petit peu patienter et…
-J’en ai marre d’attendre Bernard!
Gerard…
Il ne savait plus trop quoi faire et, toujours dans ce cas là , il arriva ce qui devait arriver. Quand, j’avais encliqueté la porte, deux gorilles s’étaient engagés dans l’escalier. Les deux balaises faisaient un bruit incroyable qui devait gronder dans la salle. Marco avait discrètement fait émerger sa main droite de dessous son bureau ministériel.
-Ce type a besoin d’une bonne mise en poings.
Le premier gorille, un noir musclé et chauve, portant lunettes noires et costume ajusté, m'étreignit les coudes dans mon dos. L’autre, derrière, blanc tatoué sur la carotide, guère plus chevelu, fit le tour et me bourra l'estomac, deux fois, puis au visage. J'esquivai le second coup, par réflexe car ce n’est peut-être pas la meilleure chose à faire, mais son camarade le reçut. Il me lâcha, je me dégageai, m'enfuis en claquant la porte et dégringolait l’escalier. Je fendis la foule apeurée et révoltée, traversai la rue glissante et bondis dans la 504 dont je redoutai son bruit peu discret.
Le jour se levait, j'ai mal. Il aurait fallu qu’on me soigne. Ma lèvre saignait et je ne pouvais m'empêcher de me tenir le bide tout en conduisant.
Dans la ville, je cherchais les rues mais trouvai enfin celle de Mathilde. Je me garai en face de son immeuble. Il n'y avait qu'une petite place et il pleuvait. C'était avant les digicodes. Je grimpai trois étages, avec difficulté. Je croisai un vieux qui allait promener son caniche. Pour lui, à cette heure-ci, l’agressé et l’agresseur, c’est pareil. Au fond, je ne tenais pas à ce qu’on m’envoyât chez le médecin, puis la police.
J’avais déjà dit à Mathilde : « Celui qui insiste un peu, ta porte, depuis qu’elle a été forcée, tu comprends ? »
Hé bien non ! Elle ne m’avait pas compris ; il a suffit que je la poussasse un peu ; Elle était ouverte et sa chambre aussi. Je la trouvai nue, sur le ventre, mousseuse et blanche, agitant sa coiffure brune et courte dans le vide.
Elle était tournée vers moi mais elle n’eut même pas vu la pointe de mes chaussures. Elles étaient d'ailleurs sales et trempaient la moquette beige.
Un noir nue et musclé s'activait sur ma femme en la tenant par les épaules. Nous étions très peu mariés, depuis longtemps. J'étais comme soûl.

-Mathilde, j'ai besoin d'argent...
-... Encore !
Le noir prit cela pour lui - il ne m'avait pas encore vu, ni entendu - et accélérait encore. Il arracha Mathilde à l'évènement qui venait de se produire. Qu'elle se soit fait baiser devant n'importe qui, même moi, ne me dérangeait pas, au contraire. Le noir, cependant, sembla étonné : Ma brune était plutôt du genre silencieuse dans ces moments là.
-Vas-t’en ! Tu n'es là que... Quand ça t'arrange ! Fiches-moi le camp !
Qu'est ce qu'il lui a pris ? Je n'étais pas possessif ni jaloux. J'aurais aimé aussi l'enculer s'il l'avait bien voulu. Mathilde était assez perverse, j'imagine, pour que je fisse payer le type à coucher avec elle. Je ne me voyais pas lui demander après-coup ; cela ne se fait pas.
Le jour était levé ; il pleuvait encore et il me fallait toujours du blé. Je remontai dans ma Peugeot crème. Je sortais de la ville et roulais sans but. Cela m'arrivait souvent avec Mathilde ; j'imaginais arriver à Las Vegas ou quelque chose comme ça.
Arrivé au milieu de nulle part, j'aperçus une maison de brique, étroite, à l'écart de tout, un peu délabrée et abandonnée. Elle avait deux étages et se terminait en pointe au-dessus de la dernière fenêtre unique.
Sans trop savoir pourquoi, je garai ma voiture en face sur un terrain chaotique et boueux. Je me demandai pourquoi je m’étais arrêté là, mais je ne pouvais plus repartir. Je me donnai un bon coup du front sur le volant.
Epuisé.

Je coupai le moteur, déposai les clés dans mon imperméable humide et traversai la route déserte. La sonnette électrique était hors d'usage, démontée, je craignis m'électrocuter. Instinctivement, je me dis que, peut-être, quelque chose me tendait les bras à l'intérieur. Je forçai la petite grille rouillée, entravée par du lierre, et passai le jardinet pollué par quelques détritus et herbes solitaires. Trois marches montées, sous une marquise perméable, je cognai à la vitre.
Une fille apparut timidement contre le bord de la porte et ouvrit. Elle avait un visage ovale effacé sous une coiffure longue, châtaigne et négligée. Elle lui masquait les yeux. La fille disparut dans le couloir en laissant l'entrée béante. Je m'introduit dans l'ombre qui dominait le couloir alors qu'il faisait jour dehors. Au fond de l'obscurité, je la vis s'enfuir dans l'escalier qui terminait la pièce. Sur le moment, il m'a semblé urgent de la rattraper. Craignais-je qu'elle appelât quelqu'un à la rescousse ? Qu'elle prît une arme ? Je l'ignorais.
Je grimpai, quatre par quatre, jusqu'à un étage et ses quelques pièces, puis une montée vers une porte unique. Elle était ouverte et, dans l'encadrement, je vis la fille se retourner vers moi. La fenêtre unique du haut de la maison était dans son dos, celle de sa chambre.
La pièce faisait trois mètres sur trois. Une armoire et un lit, vieillots et poussiéreux, dominaient l'endroit. Des posters de vedettes déchues étaient scotchés maladroitement sur les murs. Elles devaient correspondre à son adolescence d'il y a dix ans. Rien n'avait bougé, sinon la crasse et les effets des ultra violets.
Je me sentis rassuré.
-Y a t-il des toilettes ici ? Ironisai-je involontairement.
Elle secoua la tête négativement dans un sursaut, comme si s'eut été un effort particulier de me répondre. Agiter sa tête, comme ça, avec sa longue tignasse, d'une couleur soutenue, ne lui allait pas du tout.
J'eus le temps de la détailler un peu: Elle chaussait des petits souliers cirés, seules choses bien entretenues ici sans doute. Ses chaussettes blanches étaient trop longues, comme sa jupe, droite et beige, aux genoux. Elle aurait pu être une belle fille si elle n'avait pas ces quilles rentrées vers l'intérieur et maigres. Je la crus anorexique, et c'était d'ailleurs le cas. Elle portait également un chemisier blanc, plutôt une chemise, froissé et mal fichu. Ses ongles étaient rongés mais néanmoins se curaient mutuellement sur son ventre. La fille se mordillait sa lèvre sèche. J'aurais bien aimé voir ses yeux sous sa frange interdite.
La fille s'approcha en regardant ailleurs, l'air de rien,  en prenant une attitude distraite, et se colla à moi. Comme elle ne soutenait aucun regard, elle détaillait le sol et un guéridon qui patientait sur ma droite. Il y avait un verre et une bouteille de whisky vide. Tout à coup, je sentis une pression s'exercer à ma braguette. Je n'avais pas la force de la repousser. Une certaine force d'un certain désespoir qui m'émouvrait? Un sentiment de risque? Une forme de perversion à laisser une opportunité sexuelle venir à moi ?
La fille se laissa couler, s'agenouillant doucement comme pour ne pas me réveiller. Elle ouvrit mon imperméable, déboucla ma ceinture, déboutonna la patte ainsi que les boutons de mon pantalon gris. Elle regardait cela volontairement un peu du haut vers le bas. Elle ne voulait que surtout pas qu'elle me vît l'observer. Comme si elle m'offrait quelque aisance, elle descendit mon vêtement jusque mes cuisses autour desquelles elle boucla et serra ma ceinture. Elle abaissa ensuite mon slip à la même hauteur. La fille prit ma bite avec la main droite et me branla lentement mais avec des à-coups. Dés que je fus à peu prés à l'horizontal, elle me prit en bouche, totalement, jusqu'au bout, avec crainte et naturel. Au lieu d'aller et venir, elle exerçait une pression avec sa tête sur mon ventre. Je grossissais dans sa bouche et j'explorais sa langue puis sa gorge. Toujours sans s'éloigner de moi, mon membre trouvait sans cesse comme une autre voie pour s'enfoncer dans sa gorge. Je n'osais la prendre nulle part et mes bras pendaient sur les côtés. Je crus entendre un ronronnement en guise de premiers mots de la part de la fille.
Au moment ultime, je ne sus comment faire, ni quoi dire. Cela, d'habitude, ne se passait jamais comme ça et arriva plus vite que prévu. Je lâchai une petite quantité indéfinissable au fond de, je ne sais quoi, dans sa gorge. La fille se retira sans aucun signe de dégoût particulier. Elle me prit à nouveau dans sa main. Elle sembla un peut plus rayonnante, elle avait mon destin dans sa paume. Je cédai un trait blanchâtre sur ses cheveux châtains et elle s'inclina en arrière.
-Vas-y, murmurait-elle.
Mon éjaculation était d'autant plus forte que je tentais de me retenir, en vain. Elle s'amusait, il n'y avait pas d'autre mot, à s'arroser le visage qui, par ailleurs, semblait ne pas avoir été aussi rayonnant que maintenant. Enfin, pouvais-je apercevoir la couleur de ses yeux mais j'étais trop troublé. Une marre blanchâtre s’étalait sur son visage et lui collait quelques cheveux dessus. Elle me branlait de plus en plus fort vers ma dernière libération, glissant la pointe de sa langue dans le méat, me pompant de nouveau. Elle parvint à me faire secréter une dernière perle de semence. Alors elle prit le verre qui dormait sur le guéridon et me fit couler dans un fond de Whisky qu'elle but d'un trait.
Le mélange pendait à sa lèvre inférieure. Elle gloussait comme une gamine.
J'avais débandé et mon sexe pendait dans le verre. La fille s'égayait à le faire traîner dans le fond. Elle souriait pour la première fois, d'un air de garce. La dernière pellicule de Whisky et le récipient était froid. Je dodelinais de la tête pour dire que c'était fini. Elle agitait la sienne d'une façon positive et plus encore quand je me raidis. Au lieu de retirer d'un ton agacé, écœuré, elle me tenant la queue, je lâchai un trait d'urine dans le verre, cylindrique et l'épaisseur sculptée, qui le remplit assez vitre avec un bruit de cristal et d’eau. La masse jaune débordait et la fille lumineuse élevait le jet en l'air en arrosant de plus en plus son visage. Là, je vis ses yeux, bleus, et sa bouche  se garnir de pisse jaune qui s'écoulait sur ses joues blanches.
-Mmmouiii, faisait-elle.
Elle attendit que je fusse tout à fait détendu et relâché pour se relever. Son chemisier blanc était devenu translucide et laissait percevoir sa poitrine nue et quasi inexistante. Même sa jupe beige était trempée, faisant une marre sombre. La fille mordit généreusement le rebord du verre qui était plein à ras-bord, jusqu'au fond de l'articulation de sa mâchoire, et bascula sa tête en arrière d'un cou sec. Elle lâcha son verre qui, par miracle, ne se brisa pas, juste un bruit sourd sur le parquet. La fille grimaçait, la bouche incurvée en arrière, l'urine débordant des lèvres qui tentait de se rejoindre. Une pellicule jaunâtre se formait entre les deux et fondait, par endroit, en une ou deux coulées sur toute la largeur de la bouche. La fille grelottait, son menton figé et crevassé par de multiples tractions musculaires. Ses yeux crispés et fermés larmoieraient bientôt mais semblaient toujours me dévisager. Sa tête plongea doucement en avant puis en arrière, d'un coup, avec un mouvement dans la gorge. Sa mâchoire tomba dans un grand bruit de respiration vive dans laquelle sa  langue ondulait.
Elle se remit à genoux, toute droite, et remonta mon slip, dénoua ma ceinture pour remettre mon pantalon qu'elle reboutonna sagement, avant de boucler et de rabattre les pans mon imperméable beige.
Elle se redressa, le bras croisé, avec une allure presque adulte maintenant. J'eus aucune autre idée que de me retourner et de partir simplement, sans rien dire. Mais la fille au visage brillant et aux cheveux filasses et collés, m'attrapa le bras. Je me retournai, elle dans la même position. Elle voulait de l'argent, je n'en avais pas.
C'est ainsi que j'ai rencontré Mathilde.
Elle n’avait pas de gorille ; je descendis avec un petit remord. Je ne connaissais pas ce sentiment.
Je montai dans ma 504 et m’endormis, le front contre le volant, puis me réveilla. Je retournai dans la maison, il n’y avait personne, et ce depuis longtemps.
Arrivé dans la chambre, encore plus vieillie qu’il  y a dix ans, j’entendis un bruit : Mathilde. Elle m’avait suivi.
-Viens, on va faire la route.
-La route ?
-Tu sais ? Las Vegas…
-…
-Marco m’a décroché un contrat aux U. S. A. et j’ai une avance dessus. Si tu veux, je paye ta dette avec une partie.
-…
Je trouvai dans ma poche, un plan de la banque, plié en quatre et à peine lisible ; De l’autre, j’extirpai un flingue. Au fond, un seul homme suffirait.
-Non… Gardes tout et fais-en un meilleur usage.
Par Max Licenz - Publié dans : maxlicenz
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