Lundi 13 février 1 13 /02 /Fév 14:06
Juliette et Claire

Juliette avait quarante ans, élancée, ses longs cheveux bruns rejoignant sa poitrine ronde, son visage hâlé, fin, presque osseux et mystérieux. Elle avait l'habitude de porter des tailleurs noirs, courts, et des talons hauts.
Son travail de conférencière interrompu pour élever ses deux enfants, ceux-ci ayant grandis, l'évolution du salaire de son mari inférieur au coût de la vie, elle estimait une majoration de leur revenu souhaitable. Sa petite famille habitait une paisible et proche banlieue parisienne.
Un jour, elle ramena un journal du marché, avec fruits et légumes, et parcourut sans conviction les colonnes d'offres d'emplois. Une annonce, curieuse et providentielle, attira son attention : " Recherche lectrice… avec véhicule… Quelques heures par semaine. "
Elle téléphona et se rendit au deuxième étage d'un bel immeuble parisien. Un couple d'une soixantaine d'années ouvrit la porte : un petit chauve gâteux et une beauté fanée, les rides austères,. Tous les deux étaient peu avenants mais la courtoisie était de mise.

-Je viens pour l'annonce.
-Très bien, pour une fois, ce n'est pas un homme, dit la femme à son époux.

Le petit chauve essayait de sourire à Juliette qui exposait ses compétences. Ils la firent entrer et l'emmenèrent dans une chambre occupée par Claire, assise sur son lit, une jeune femme blonde, vingt-cinq ans, le visage en forme de cœur dont les cheveux courts accentuaient la forme, un sourire lumineux, des lèvres fines, des petits yeux brillants et des pommettes rougeoyantes de timidité.
Des posters de gloires déchues étaient épinglés à gauche, près d'une chaîne haute-fidélité, d'un fauteuil et d'une console. A droite, un meuble soutenait un petit téléviseur et intégrait un magnétoscope.

La mère se dépêcha de ranger les affaires de la petite, indifférente. On sentait l'enfant unique et choyée, mais pas seulement. La mère dit qu'elle avait subi une grave dépression, il y a quelques années. C'était peut-être vrai mais cela ne se voyait guère sur le visage de Claire, a moins que cela eût dû, justement, à l'arrivée de Juliette.

Quelques jours plus tard, Juliette se rendit au domicile de Claire avec un livre. Elle entra dans la chambre et s'assit dans le fauteuil, année soixante, cuir rouge, tandis que son auditrice se coucha sur son lit d'ancienne adolescente.
Au bout d'un quart d'heure de lecture, Claire se leva, se dirigea vers le meuble de son téléviseur et fouilla dedans. Juliette interrompit sa lecture à cause du bruit. La blonde sortit un autre livre qu'elle tendit à sa lectrice.

-Pouvez-vous lire ceci ?

Juliette lut la couverture et ouvrit de grands yeux. C'était une œuvre d'Anaïs Ninn. Juliette ne savait pas si elle était autorisée à lire ce livre aussi bien écrit qu'érotique. Elle se dit qu'elle pourrait interrompre à tout instant sa lecture puisque c'était dans le contrat. Il lui aurait suffi de prétexter un retard. Elle aurait regardé sa montre et se serait enfuie. Il y avait peut-être aussi autre chose, ce joli nom : Anaïs Ninn.
La brune commença la lecture. C'était l'histoire d'une femme qui aimait une autre femme. Juliette portait des lunettes rectangulaires et remuait ses petites lèvres rouges. Claire était assise sur son lit, les bras en arrière, les genoux pliés et joints. Elle portait un T-shirt qui comprimait sa poitrine fière et découvrait son nombril. Sa courte jupe en jean s'évasait par le dessous.
La lectrice ne s'entendait plus lire. Seuls quelques mots crus écorchaient son éducation. Chaque fois, elle était tentée de regarder sa montre mais elle continuait à lire. Elle n'avait plu envie de partir. Claire était magnifique et ses cuisses avaient tendance à s'écarter.
Les deux amantes du livre, dans la tête de Juliette, changeaient de visage. Elle ne se souvenait plus à quoi elles ressemblaient. Quand elle imaginait les traits de l'une ou de l'autre, c'était Claire qu'elle voyait.
Les héroïnes du livre ne se contentaient pas de s'approcher. Juliette redoutait presque ce moment mais elle était désormais incapable de s'arrêter. Les lèvres de l'une, le sexe de l'autre, la fente torride, la langue, la jouissance. La brune sentit une électricité parcourir son ventre depuis son entrejambe, sa lecture se heurtait, et se demandait si Claire s'en était aperçue. Elle regardait la blonde, les cuisses grandes ouvertes, le sexe lisse à l'air, se lever et Juliette s'arrêta de lire.

-Continuez, dit Claire.

La lectrice continuait son ouvrage quand la blonde s'agenouilla aux pieds de Juliette. Ses doigts, sous le livre, défirent les deux boutons de la veste. La respiration de la brune se précipita sous les mains qui s'aventuraient sous le soutien-gorges, pressaient les seins et pinçaient, entre le pouce et l'index, les tétons érigés.
Juliette lâcha l'œuvre et, tout en continuant à lire, sa main dégagea sa poitrine et fit vibrer son bourgeon mammaire sous ses doigts. La blonde ouvrit avec ses pouces les cuisses de la brune. Elle retira le slip dessous la courte jupe de la lectrice qui lisait toujours. Celle-si sentit bientôt un ongle lui gratter la chair, un doigt, hésitant et tremblant, se glisser entre les lèvres, humides et sensibles, et voyager lentement sur toute leur longueur. L'index et le majeur entrèrent, tout d'un coup, sans difficulté, dans la chair ultime. Juliette s'accrocha précipitamment aux accoudoirs, comme si c'était à une branche dans un précipice, laissant tomber le livre à terre, et se mit à onduler du bassin quand Claire allait et venait dans son ventre. La blonde s'assit sur les genoux de Juliette, de face, sa jupe remontée, et enlaça le cou de la lectrice dont elle baisa les lèvres. A peine commençait-elle de mêler leurs langues que des bruits de chaussures et de porte survinrent. Claire se redressa, d'un coup, raidie de peur, ramassa et jeta le livre sous son lit tandis que Juliette tirait sur sa jupe. Les parents de Claire entrèrent dans la chambre.

-Tiens, vous êtes encore là ? Dit la maîtresse de maison, à peine souriante.
-Oui, Claire, commença la lectrice en se demandant si elle pouvait appeler la petite par son prénom, voulait que je termine… Heu… Les Malheurs de Sophie, dit la brune en trouvant enfin le livre qu'elle avait ramené, sur la console près du fauteuil.

Deux fois par semaine, à peu près, Juliette se produisit chez Claire. Elle n'y allait plus pour lui faire la lecture, bien qu'elle apportât un livre chaque fois. Quand les parents étaient là, deux ou trois fois sur quatre, Claire et Juliette se contentaient de simples caresses et de cunnilingus dans la crainte que la porte ne s'ouvrît.
Un jour, par chance, c'est Claire qui répondit au téléphone quand la fausse lectrice demanda si elle pouvait venir lundi. Les parents de Claire étaient en semaine chez la sœur du père. Puisqu'il fît beau ce-jour-là et qu'elles fussent libres, elles décidèrent d'une sortie en forêt. Donc, cette-fois-ci, au lieu du métro et du bus, Juliette vint en voiture et emporta Claire en province. Elles arrivèrent dans une forêt et se promenèrent en chemins, main dans la main. Elles s'assirent sur le tronc d'un arbre couché, à cheval, face à face. Elles s'embrassèrent en s'appuyant sur le tronc entre leurs jambes. Les langues se cherchèrent telles des pointes de fleurets. Claire enleva son T-shirt, poitrine à l'air. Juliette se retourna pour voir si quelqu'un arrivait sur le chemin, rien. Claire déboutonnait la veste de la brune qui n'avait pas de soutien-gorges. Les deux femmes se prirent la main, enjambèrent l'arbre ainsi que les fougères et pénétrèrent la forêt. Claire trouva un vieux bout de bois sec et poli et s'en servit comme canne. Elle découvrit un autre fût tombé dans une sorte de trou d'obus. Elles s'assirent dessus, comme au moment précédent.
La brune et la blonde jouaient telles des petites-filles, jouissant de l'air libre. Elles se pincèrent les tétons, doucement, puis par passion amoureuse, jusqu'à faire crier. Ensuite, pour apaiser la douleur et consoler, Claire téta le sein de Juliette, l'aspirait en tirant dessus puis, le vice reprenant ses droits, mordit le téton de la brune qui grimaçait de bonheur. La blonde parvint à faire sortir quelques gouttes de lait. Juliette chercha à se venger du bien qu'elle avait reçu. Cherchant dans son esprit perverti, elle vit quelques branches d'ortie au bas du tronc couché. Elle fouetta le corps de Claire à décrocher les feuilles. La blonde ramassa les orties hachées et frotta la poitrine de la brune avec.
Juliette feignit prendre le bâton de Claire et la battre. Le coup retenu se transforma en une caresse qui descendit le long du corps de la blonde. La lectrice toucha la toison avec le bois, lisse, presque brillant. Claire se coucha sur le tronc renversé et écarta doucement son sexe. La brune s'allongea en avant et tint la canne sous son aisselle comme à une joute. Ses doigts vinrent en éclaireur avant que le bout de bois n'allât entre l'index et le majeur. Juliette agitait le bâton dans le vagin de la blonde qui jouit bientôt.

-Je veux te boire, dit la lectrice.

Elle jeta la canne et plongea ses lèvres impatientes dans le sexe de Claire et aspira le maximum de mouille. Juliette allait se retirer quand la blonde dit qu'elle avait faillit uriner.

-Vas-y.
-Quoi ?
-Vas-y ! Je t'en supplie.

Claire, timidement, laissa échapper un petit jet qui s'abattit sur la langue de la brune.

Plus tard, Juliette était allongée sur l'arbre, nue, les bras sous la tête, les chevilles croisées. Claire faisait le tour du trou où elles avaient élu domicile. La blonde s'approcha de son amante qui ouvrit les yeux. Elles se sourirent. Claire fit glisser sa main droite sur son ventre, jusqu'en bas, et recroquevilla ses ongles, se griffant la toison. L'autre main rejoignit la première et écartèrent les lèvres du sexe. La blonde bascula son bassin en avant. Juliette ne comprenait pas ce qui arrivait. Elle sentit un picotement chaud sur son sein et vit un jet doré tomber sur son corps. Claire inonda de son chaud nectar le corps de Juliette qui se caressait en regardant son amante avec des yeux de diablesse.

Plus tard, Juliette, entre les cuisses de Claire, entendit un bruit de branche piétinée. Elle se redressa et tourna sa tête sur le côté gauche. Le bruit se répéta, le sommet d'un coudrier s'agitait. Elle se leva tout à fait et, prudemment puisqu'elle était nue, s'avança entre les arbrisseaux. Elle vit un homme au regard curieux et émerveillé qui supposait puissamment qu'il eût vu les deux femmes s'ébattre. Ses yeux croisèrent ceux de Juliette. Claire la suivait, accroupie.

-Venez, par-là, dit la brune au garçon.
-Non, dit Claire.
-Par-là…
-NON ! Hurle la blonde, et l'homme s'avançait.
-NON ! NON !

Claire criait, si fort que l'homme s'enfuit, se roulait par terre en cachant ses yeux avec ses poings.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qu'il te prend ? S'inquiéta Juliette.
-Je ne veux pas, maman.
-Maman ?
-NON !
-Il est parti. Il est parti…

Juliette, Claire prostrée contre elle, l'entoura de ses bras et de ses cuisses, assises sur l'humus. Il commençait à pleuvoir sur leurs corps nus.

 
Lorsqu'elles revinrent de l'escapade, sur le pallier de l'appartement, la mère ouvrit la porte avant que Claire ou Juliette ne pesât sur la poignée. La femme, revenue avec son mari plus tôt que prévue, apparut dans l'encadrement. Juliette tenait la main de son amante. La mère, traversée d'une bouffée de haine, semblant dire : "encore une fois, tu m'as trahie", gifla avec rage la mère de famille, comme elle dit, qu'elle devrait avoir honte, et lui interdit de revoir la petite. Juliette déboula l'escalier à vive allure, la main sur sa joue rouge, en larmes, tandis que la mère de Claire tira le poignet de celle-ci, avec vigueur, vers l'intérieur de l'appartement et claqua la porte dans un grand fracas.
Dans les jours qui suivirent, la petite, enfermée, trouva la force de se fâcher avec ses parents et partit sans laisser d'adresse. La mère prévint la police mais on lui répondit que sa fille était majeure, la mère l'oubliait, et que peu de temps s'était écoulé depuis son départ.
Claire accumulait les relations avec d'autres femmes, sans leur raconter son passé avec lequel elle souhaitait faire le deuil. Aussi, la mère comblait d'énormité de cancres l'espace antérieur pour obtenir adresse ou numéro de téléphone. Celles-ci, mariées ou non, cédaient plus ou moins aux harcèlements de la mère de leur amante d'un soir ou deux. Un jour, Claire reçut un appel de sa mère : pas d'excuse, explication ou réconciliation, mais des reproches de mère  complice, soumise et bête.
La blonde, un soir, seule, vida une boîte de somnifère dans sa bouche et mourut. Le temps passait. Les parents se séparèrent ou, plutôt, on les sépara, parce que leur santé mentale se dégradait rapidement. On avait interdit la tombe de Claire à Juliette mais il y en avait une autre où elle se rendit : L'arbre couché de ses amours. Quelques feuilles y repoussaient.
Par Maximilien Licenz - Publié dans : maxlicenz
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