Je m'appelle Chlotilde. C'est mon vrai prénom. Je tairais mon nom de femme mariée à cause du fait que je suis diplomate. Jean-Christophe, m'a donné son nom de famille quand j'avais dix-huit ans. Je l'ai rencontrée à seize.
Je suis née dans un village Thaï que j'ignore aujourd'hui. J'ai été abandonnée, puis adoptée par un militaire qui m'a ramenée en France. Chlotilde est le prénom de la mère de celle qui m'a recueillie.
J'ai toujours gardé de bons contacts avec le milieu diplomatique. Il m'ont sans doute sauvée à l'époque. J'ai mené des études pour être la diplomate d'aujourd'hui, avec les encouragements de Jean-Christophe une fois arrivé dans le milieu.
Je suis âgée de vingt-cinq ans maintenant, Jean-Christophe en a huit de plus. Je mesure un mètre cinquante-huit et lui a plus d'une tête de plus que moi. J'ai un visage rond, les yeux noirs en amende, le menton court, des lèvres pulpeuses et des pommettes massives. Je suis evidemment brune et mes cheveux sont longs jusqu'au milieu du dos.
Ma poitrine est petite et ronde, les tétons auréolés de brun. J'ai les hanches bien marquées et mes fesses sont bien dessinées sans être lourdes. Je me maquille toujours légèrement : les cils brossés, les paupières éclaircies, les lèvres rosies, les ongles vernis sans couleur, toison rase.
Nous habitons dans le seizième arrondissement de Paris. Dans un ensemble d'immeubles où les appartements s'échangent entre confrères au gré des déménagements.
Je simplifie en disant que je suis Thaï pour fonder rapidement ma description physique. Je plais ainsi sur l'instant et, d'une certaine façon, donne de ma personne, pour moi-même. Cela sera peut-être plus compréhensible avec ce qui suit.
Jean-Christophe m'a bien fait comprendre que je n'obtiendrais que déception à chercher d'où je viens. J'ai su qu'il y avait même un commerce de l'enfance, pour ainsi dire, et je me suis d'ailleurs arrêtée là. Je n'ai pas été achetée.
J'ai toujours eu l'impression de devoir quelque chose à tout le monde. On m'a tout offert, jusqu'aux études, et l'emploie que j'occupe est très utile, mais d'une façon ténue. Penser à moi-même m'a souvent semblé futile mais il me faut sans doute m'exprimer.
En même temps que Jean-Christophe, j'avais une amie, une blonde mignonne qui s'appelait Stéphanie. Il m'a déculpabilisée d'avoir une relation sexuelle avec elle. Cela m'avait semblé contraire à la morale mais j'étais beaucoup plus équilibrée ensuite. Cela a duré une bonne année jusqu'à ce qu'il m'épouse, j'ai rompu un moment avec Stéphanie. Elle m'a comprie et l'on se renvoit amicalement de temps à autre.
Jean-Christophe a trente trois ans. Il est un homme grand, brun aux cheveux courts et grisonnant sur les tempes, au visage long à fossettes sur les joues fendu d'un sourire lumineux. Il est d'un naturel élégant et sa négligence s'arrête à l'abandon de la cravatte pour un pull, du pantalon pour un short. Il ne pratique que modérément le sport, il n'en à guère besoin. La seule exigence que j'aie obtenue de lui est qu'il ne se rase plus le pubis que j'aime viril et abondant.
J'avais vingt ans, et donc vingt-huit pour Jean-Christophe. Un soir, il avait invité un couple avec qui on avait négocié un logement un an précédemment. Le garçon, italien d'origine, avait les cheveux très courts et les yeux verts. Il portait un costume marron sombre. La fille avait de beaux et longs cheveux ondulés, châtains. Elle était vêtue d'une robe rouge de cinéma et maquillée dans le même esprit. Le couple s'embrassait a chaque fois qu'on regardait ailleurs.
Un moment, lui dit à sa copine d'embrasser mon mari, elle le fit avec humour, d'une façon glamour. En tous cas, avec enthousiasme. Jean Christophe n'avait pas refusé et voulut paraître décontracté. Il n'y avait rien à attendre d'autre, m'a t'il assuré une fois seuls. Il se moquait de moi. J'avais pensé, à ce moment-là, je crois, à l'attitude qu'il eut quand il devina ma relation avec Stephanie. On a plus revu le couple parce que, justement, il partirait en Italie dans leur nouvel appartement.
La fois suivante, c'est nous-deux qui invitions un couple. Je voulu paraître relaxée, ce dont je parvins à être. J'avais l'impression d'être moi-même. J'embrassais sans arrêt Jean-Christophe et je suis allé jusqu'à toucher sa cuisse en la présence des invités. Le couple était un libanais d'origine, artiste peintre, et une écrivaine blonde, qui me rappelait Stephanie. Ils s'y mirent également.
Un moment, les deux couples se bécotaient, l'un à deux mètres de l'autre, eux n'ayant pas vu que nous étions revenus de la cuisine. C'était sans doute a peu près la scène exacte. On a ri d'une manière un peu gênée et j'ai rabaissé le bas du pull, à rayures vives horizontales, de la fille. Nos têtes se sont rapprochées par timidité. J'eus l'impression d'être avec Stephanie; nous nous sommes embrassées.
Quand nous fumes poitrines nues, les hommes se sont invités. Jean-Christophe s'est arrangé, pour une première fois, de sorte que je ne soit que spectatrice. Je n'avais jamais vu un couple faire l'amour concrètement : un sexe d'homme élargir celui d'une femme, les deux ouverts et nous regardant les observer.J'ai voulu voir mon mari avec l'écrivaine, songeant peut-être à mon ancienne petite-amie : la même scène. L'autre couple s'est reconstitué et pratiqua une sodomie. Je ne savais même pas que cela existait.
On a pratiqué de réels échanges les fois suivantes, avec d'autres couples.
Vint le principe du jeu et du concepte. On atteignait les limites traditionnelles du sexe. Mon plaisir ne vient qu'avec le sentiment de découvrir quelque chose, avec les signes liés : un a priori négatif, du dégoût, de l'obligation, de l'imprevu, voir de l'improvisation, de la sophistication, etc.
D'une certaine manière, fantasmer sur une chose, lui fait perdre un peu d'interêt pour moi. Pour un peu, elle deviendrait aussi dérisoire qu'elle l'est pour toutes les autres femmes. A l'inverse d'elles, j'ai toujours découvert le sexe et suis toujours une éternelle « oie blanche »
Nous organisons tout de même, et c'est à celui qui a l'imagination la plus fertile. C'est indispensable, parce que les details font la différence. en revanche, ça doit être «inimaginable», c'est venu naturellement, et l'on va donc très loin.
Discrétion professionnelle oblige, nous usons de nos relations. Dans un cercle grandissant, enpiétant sur des milieux bourgeois libertins, nous trouvons des partenaires eux-mêmes discrets.Il faut, en général, scénariser un condensé du réel ou envisagé, comme ce qui va suivre.
Le hasard fait bien les choses. C'est de l'imprévu, de l'inconnu et de la violence. J'aime. J'ai l'impression à chaque fois de me découvrir, mon corps, mon sexe, tout à la fois, comme cela a toujours été.
C'était dans un train de jour. Jean-Christophe et moi circulions dans le couloir. Rien n'était prévu mais je portais une tenue qui lui faisait penser, disait-il, à une serveuse d'orgie romaine.
Elle était d'un rose pâle et s'arrêtait au-dessus des genoux. Les manches très courtes étaient, en fait, des bretelles froncées sur mes épaules. Des bouton la fermaient depuis la poitrine jusqu'à la ceinture blanche.
Mon mari remarquait des cabines où les rideaux à carreaux oranges étaient tirés. J'observais son manège et son expression me faisait craindre ou espérer une nouvelle expérience.
Il s'arrêta à une porte précisément. Il colla l'oeil à l'extrèmité droite de la vitre, un centimètre que le rideau derrière ne masquait pas Il aperçut que la cabine n'était occupée que par un lecteur qui voulait certainement s'isoler, assit sur la banquette de gauche, un peu vers la fenêtre. Un caprice acceptable quand le train est, comme dans ce cas, peu fréquenté.
Dans le miroir qui le surplombait, Jean-Christophe constatait le dossier d'en face sans aucune tête.
Il me montra le lecteur: c'était un homme de taille assez moyenne et un peu maigre. Il portait un costume noir ordinaire sur une chemise blanche et une cravatte sombre. Il lisait avec des lunettes rondes, les genoux croisés, chaussés de simples mocassins. Sa tête était au bout d'un cou mince, coiffée de cheveux bruns et courts. Il avait les doigts de la main droites sur la tempe et tenait son livre par la base sur sa cuisse.
– Remonte ta robe et ouvre ton décoletté.
J'ai tiré le bas de ma robe sous ma ceinture, créant un pli supplémentaire sur mon ventre, et déboutonné entre mes seins jusqu'au nombril. J'ai ouvert le col jusqu'au bord des auréoles.
J'avais en tête l'échange que j'ai eu avec Jean-Christophe quelques jours plus tôt. On avait déduit quelques phrases type dont je savais, à ce moment là, que j'en aurais l'usage bientôt.
J'aime quand mon amour et moi savons que nous nous sommes compris.
J'ai cogné trois fois à la porte légère, vitre obstruée de carrés oranges. Je savais que l'homme n'aurais pas le culot de répondre que, pendant sa lecture, il refuserait de partager sa cabine. Il a bien dit d'entrer et j'ai poussé la poignée. Il a levé les yeux de son livre et son air agacé c'est immédiatement éclairci d'un sourire irrepresible. Il déposa son ouvrage à côtè de lui. Je m'assit sur sa banquette, à trente centimètres. J'ai exécuté un travail de mémoire :
– Ha, mais vous êtes seul ! Le point d'exclamation est à atténuer, feignant un peu de gêne.
– Nous sommes seuls… Ce qui suit est un monologue.
– Mais, je n'ai rien à craindre…
– Enfin, je crois, bien au contraire… Ma robe était remontée en haut des cuisses et mon compagnon devait pouvoir apercevoir la quasi-globalité d'un sein.
– Je vous promets que je ne m'approcherais pas.
– Je saurais discrètement si vous êtes ému… Mes yeux se promenaient.
– Mais vous bandez…
– Ne vous en faites pas, je suis flattée… Je passe mon bras derrière sa nuque d'un air glamour.
– Faites voir… Ma main prit la bosse bombant sa braguette et entoura au travers du tissu, en glissant sur sa longueur, le membre et la bourse.
– Mais oui ! Là, l'exclamation est réelle, fondante.
– C'est embêtant, vous ne pourrez rien en faire…
– Vous pourriez vous soulager tout seul…
– Mais c'est trop dégradant…
– Et puis, je suis responsable… ma voix tomba comme d'un tobogan.
– Dites-le moi, si vous voulez une fellation… L'homme fit un sourire d'une oreille à l'autre avec un mouvemet de tête comme pour s'echapper d'un rêve mêlé de cauchemar.
Je ne sais même pas si mon monologue était réelle, je n'écoutais que moi. Mon beau solitaire, de toutes façon, n'aurait dû dire que des « oui… » et des « Ha ? »
Plus tard, mon mari de voyeur, me dirait qu'il avait tout lu des phrases convenues. L'aventure ne l'avait pas été.
Ma main droite qui tâtait son entrejambe cherchait ensuite le mécanisme d'ouverture. C'était un zip. Je l'ai ouvert. J'ai massé de nouveau au travers du slip, c'était un modèle avec une poche. J'y ai glissé ma main et manipulé la chair directement, dedans. J'ai sorti la bite et l'ai branlée jusqu'à ce qu'elle se raidisse un minimum. Lentement et amoureusement, pour Jean-Christophe qui me regardait du bout du rideau, je me suis couchée en amazonne sur la banquette et en travers de ses cuisses. Il s'est avancé sur l'assise. J'ai aspiré le membre qui s'est transformé et a découvert son gland humide. L'homme osait poser ses deux mains dans ma chevelure. J'ai un peu descendu le pantalon sur les cuisses sans arrêter de sucer le sexe qui transperçait le slip. J'ai tourné ma tête pour mieux la glisser entre ses jambes et a continuer à la visser et dévisser. Je procurais plus de plaisir encore.
– Mmmm je vais venir, a t-il grogné.
Moi, je ronronnais et m'accrochais, accélérais. Il m'a éjaculé plein la bouche. J'imaginais Jean-Christophe assister aux contorsions et grimaces de l'homme, et me supposer ainsi remplie de semence d'un inconnu. Je me suis extirpée de sa queue bien après sa dernière goutte, elle débandait à peine, et a gardé mes lèvres bien jointes. Je les ai déposées, sans les rompre, sur les siennes, un peu dégoûtées. Je suis sortie sans dire un mot, juste un signe.
Je n'en dit pas plus à Jean-Christophe qui mattait derrière le rideau et que j'ai rejoint. J'avais encore la bouche pleine quand j'ai vu l'homme, très émue puis ravi, se rhabiller. Je l'ai été également quand je l'ai vu retourné dans sa solitude, son imprévu, son enveloppe d'inconnu auquel je me suis offerte sans retenue.
Jean-Christophe m'a bandé les yeux et m'a postée un mètre plus loin, ce qui correspond à la vitre qui surplombe la banquette de l'homme, et a frappé au carreau. Il à hésité, pensant que, deux fois de suite, ou dans l'émotion où il était, il ne devait pas répondre. Il a dû se souvenir que j'avais ma bouche pleine de son sperme. Il a tiré le rideau orange. Jean-Christophe était plus loin, hors de vue. Après le bruit de tringle, j'ai laissé echapper la semence après la vitre et m'en suis servie pour coller une carte de visite, du bon côté que m'a indiqué mon mari. Elle est du genre pour ces circonstances, juste avec un numéro de portable.
Les individus marginaux nous intéressent également. D'une certaine façon, la discrétrion leur est naturel ou nécessaire.
On a eut l'idée quand Brice, connaissance d'un ami, nous confia qu'il héberge régulièrement un sans-abrit les soirs ou la température avoisinne le zéro.
L'individu, qui s'appelle Gérard, ne s'invite pas de lui-même et est d'ailleurs de bonne fréquentation. Chose dont il a besoin semble t-il. Il est introuvable les autres jours.
La chambre qui lui est réservée est pourtant constament disponible. Elle ne peut servir qu'à y dormir puisqu'elle ne fait pas plus que trois mètres de côté. Il n'y a qu'un lit où il était débarassé et inutile.
En parlant justement de fréquentation, notre ami sut que Gérard avait été marié mais, après son accident cérébral, l'alcoolisme qui le guête depuis, divorça. Il fréquenta ensuite des prostituées mais il ne s'agissait pas d'affection. Peu ou prou, il n'avait pas eu de relation intime depuis deux ans.
Un soir, le soir, Jean Christophe, après un coup de téléphone à Brice, déclenca la cérémonie. Il voulut que je me maquillât d'une façon aguichante et colorée : tout en camaïeux de rose, des paillettes, les bijoux les plus impressionnants. J'ai roulé mes longs cheveux brune en chignon.
Il me demanda de me déshabiller intégralement. Jusque là, je ne m'imaginais pas devoir sortir ainsi, même si c'était évident vu la nature de mon probable futur partenaire.
Etrangement, mon mari, brutalement, m'enfila sur la tête un sac de satin noir. Il était parfaitement opaque et percé d'un trou entouré d'un fil argenté à l'endroit de ma bouche. Il noua le cordon sur ma nuque et me menotta les poignets à l'avant. Jean-Christophe déposa mon imperméable ciré noir sur mes épaules sans que je n'enfilât évidemment les manches.
Je ne portais rien d'autre, pas même des chaussures quand nous partîmes. Que de sensations ! Dés le pallier, j'avais l'impression que des millions d'hommes et de femmes me voyaient et me jugeaint, plus encore sur le trottoir avant de monter sur le siège avant de notre BMW noire.
Mes pieds avaient foulé le parquet de l'étage, la moquette de l'escalier, le trottoir, puis le tapis du véhicule. Si quelqu'un m'avait vu, je n'en aurais rien su, mais Jean Christophe me l'aurait dit, je n'ai même pas remarqué qu'il faisait nuit.
Par contre, j'étais frigorifiée puisqu'il, logiquement, il devait reigner près de zéro dégré.
Dans la voiture, je n'avais aucun moyen de rabattre les pans de mon imperméable sur mes cuisses puisque mes mains étaient menottées. Ma toison avait dû être à l'air aux deux feux rouges, ce que je devenais comme tels, où mon mari s'était stoppé. Il est vrai qu'ici je fantasme un peu, j'avais mes mains jointes à l'entrecuisse. Mais j'ai bien imaginé regarder sur ma droite, bien que «dans le sac», voir une bonne-femme ausi perverse que moi et lui montrer ma nudité en levant mes poignets menottés.
Arrivés à ce qui était bien finalement l'immeuble de Brice, ayant monté un étage : encore les pieds martyrisés par le trottoir, du carrelage, etc. Ce dernier ouvrit sa porte. En tous cas, je suis entrée en craignant de percuter des meubles cette fois-ci.
Pour les besoin du récit, je vais vous décrire Brice dans la tenue qu'il arbore habituellement. Il est un roux aux cheveux bouclés, âgé de trente ans, donc plus jeune que Jean-Christophe, sa peau est blanche mais tachetée de toute part. Enfin, je voudrais bien voir justement. Il est un peu plus petit et large.
J'aime son odeur forte de roux, cela a quelque chose d'animal, et si l'on pouvait trouver d'autres mâles de cette couleur de poil…
Ce soir là, il aurait pu porter sa chemise verte roulée sur ses bras, un peu débraillée, et son pantalon gris à pinces en lin qu'il serre avec une ceinture en cuir clair. Il devait avoir sa grosse montre en or au poignet.
Je ne dis rien, soumise, dans ces moments-là, pas même « Bonjour »
Sans attendre, ils m'ont fait grimper un escalier étroit, du genre à rejoindre les combles. J'ai dû me débrouiller toute seule, tatônnant et heurtant les marches, perdant l'équilibre et heurtant les murs dont j'ignorais l'existance.
Les deux hommes me rattrapèrent en haut, nous y étions serrés, me sembla t-il. J'entendis une porte s'ouvrir, ils me poussèrent. Sous mes pieds nus, le sol me sembla froid comme du béton mais lisse comme ciré et peint.
Je n'ai toujours pas vu aujourd'hui l'endroit, c'est presque exprès, glorieux. Je sais seulement qu'il fait moins de dix mètres carré. Tout le reste, c'est par contacte, notemment avec la bouche, unique orrifice percé dans le sac de satin noir.
Les hommes ôtèrent mon imperméable sombre. Il me sembla givré lorsque qu'ils le replièrent dans le dos, mais c'est un ciré.
Brice ne m'avait jamais vu nue, pas de cette manière, et, sans doute, ne connaissait de moi qu'un exploit, pas plus, pas le plus graveleux.
Jean-Christophe les raconte à des relations sûres en mon absence. Il me plait à l'imaginer me dépeindre et voir comment nos ami et amies me regardent quand nous nous revoyons.
Un grognement d'homme sommeillant me rappela que Gérard, dont j'ignorait jusqu'au prénom à ce moment-là, était allongé devant moi. Il grogna à nouveau d'une manière qui devait être interrogative s'il m'avait vu en même temps. Sinon, c'était un instant plus tard.
Je ne vais pas vous décrire Gérard car c'est tout le jeu que je souhaite vous narrer.
– Mets-toi à genoux ! Dit une voix que je ne pusse identifier, trop brutale et brève.
Je m'exécutais sans savoir que le lit n'était qu'à quelques centimètres de ma poitrine. Mon masque troué me rappela que je devais tâter le corps avec ma bouche. J'ai deviné le bas d'une veste et le bout d'une écharpe en laine. C'était froid et imprégné d'une odeur de moisi et de rue, peut être d'alcool. Le sans-abrit avait gardé tout de ses vêtements, en bonne épaisseur et nombreux, habitude prise au dehors.
J'ai joué mon rôle quand j'ai su où était l'entrejambe : je me suis précipitée, sondée la moindre forme au travers du tissu épais, cherchée à la faire grossir; j'ai ronronné en ne regardant surtout pas plus haut ni ailleurs, aveugle de toutes façons. Comment souvent dans ces cas là, j'étais comme une petite bête; de plus, je cognais mes menottes contre le fer du lit.
Peut-être, ce ne fût qu'à cet instant que le sans-abrit s'éveillât. Cela m'aurait bien plue et je l'ai enregistré comme tel, car cela voudrait dire qu'il était bien aviné. Il m'aurait vu, pour la première fois, sur le côté, prosternée, nue, cagoulée et attachée, sans même déduire que j'étais la femme de l'un ou l'autre. C'était sans doute chose inconcevable pour lui dans mon milieu, ni même celui des putes d'ailleurs.
Il ne pouvait que bander. Je faisais tout pour cela avec ma bouche, la tête dans un sac noir. Il bougea dans san pantalon et ses mains tremblantes et grasses vinrent manipuler la braguette. C'était, pour moi, comme un coffre-fort bourré qu'on ouvrait, pour lui.
Gérard m'a laissé m'y remettre au plus vite et son pantalon était à peine ouvert. Je fouillais avec mon nez dedans. Un bout de chair m'a chatouillé. Son sexe est sorti et je l'ai tiré en pinçant juste la chair. J'aurais pu utilisé les dents, c'était inutile. Je l'ai aspiré à plein poumon jusqu'à la garde ou presque. J'ai généreusement goûté, à l'occasion, de l'odeur forte qui était piégée dans son slip. Ecoeurant et imprévu comme j'aime.
Sa bite grossit et ce fut difficile à manipuler sans les mains : Elle étirait mes lèvres et occupait une bonne partie de ma cavité buccale, écrasant ma langue, obstruant ma gorge. J'éprouvais un fort désir, dont j'ignore toujours la raison et l'origine, et je me suis relevée en restant penchée. Gérard passa ses mains hésitantes derrière mon oreille. Ronronnant, je parvenais à le sucer. Son membre était une masse lourde et lisse.
Le sans-abrit, tout d'un coup, comme après un miracle, se secoua et se leva de son lit. Ce fut un grand effort pour lui et la couche avait grincée sévèrement. Jean Christophe, c'était son genre de précaution, avait tourné le sac autour de ma tête pour que ma face soit totalement obstruée, anonyme.
Gérard avait oublié la présence des deux hommes mais, biologiquement, il était poussé à s'exhiber sexuellement avec une femme. Même de la manière la plus simple et pure, il ne s'était pas retrouvé dans cette situation depuis deux ans.
Un homme qui ne puisse pas se retenir m'excite.
Il me poussa sur son lit approximativement, sans avoir la possibilité de me rattraper ou de me repérer. Comme je ne savais pas si j'étais au bord ou au travers du lit, dont j'ignorais le type, j'avais joints et repliés les genoux.
D'après les bruits des tissus, épais et nombreux, il avait dû baisser son pantalon et son slip, rapidement, en une fois, sans les enlever. Il m'a forcé l'ouverture des cuisses, je mouillais, et s'est couché sur moi.
Il devait avoir une barbe longue comme le cou, qui me grattait la poitrine, et qui le tapissait tout entier. C'était un poil cassant qui devait être gris.
Sa bouche dévorait la mienne au travers du satin noir. Cela ne m'empêchait pas de sentir le mauvais vin et l'haleine fétide.
Gérard, nom que je donne plus au plaisir qu'à la personne, avait tout ses habits et occasionnait un poids et une largeur considérables qui me piègeaient définitivement. Je percevais son coeur qui battait, dans sa poitrine malgré qu'il l'avait épaisse et vêtue, d'une émotion ancienne et émouvante. Il enfonçait mes mains menottées dans mon ventre.
J'ai dû orienter mes hanches et mes cuisses, très ouvertes, les pieds en l'air. Sa bite, large et rigide, me pénétrait puissement entre les reins. Quand il fit un aller-et-retour, j'ai dû reposer mes pieds sur son dos, sous sa veste, mon orteil accrochant au passage une poche.
J'aimais l'idée que mon mari et Brice me voient, alors je roronnais encore, sans crier, et remuait follement et positivement ma tête masquée, anonyme. C'est moi qui ensuite cherchait à embrasser le sans-abrit qui bougeait bien mieux. Je regruettait le trou maintenant derrière mon crâne.
Un filet de salive s'était écoulé de sa bouche et traversait le tissu noir. Gérard râlait, parcouru de soubresaut. Il jouit en moi, me remplit. Je resentais l'épaisseur et l'âge de son foutre, abondant et fertile. J'étais dans le noir, j'ai faillit crier : j'ai joui juste après lui.
Il se laissait peser sur mon corps et mes mains enkylosées. Il s'en rendit compte et s'assit sur le bord du lit, à l'opposé de nos deux voyeurs. Je me levais à mon tour, vers eux et m'agenouilla, par habitude, aux pieds de l'ami de Jean-Christophe qui me dénoua le sac de satin noir, l'ôta et le jeta sur le lit. Comme avant que je ne recouvrît la vue, je regardais plus bas que la braguette de notre hôte.
– Soulage-toi sur sa figure. Elle ne doit pas te toucher.
Brice déboucla sa ceinture, degraffa son pantalon. Je me suis contentée d'abaisser le tout, avec le slip, jusqu'aux chevilles. Mon ami se branla sans me toucher ni même du bout de son gland. Je ne devais pas le regarder dans les yeux même si j'ai toujours très envie de les voir se remplir de remord et d'eau.
Du sperme se répendait sur ma face, s'accrochait ici ou là : mon nez, mes sourcils, coulait partout. Cela ne me plait uniquement parce qu'il me fait descendre d'un cran, ensuite, mon mari se débrouille pour me laisser aller et c'est là que mon extase est incomparable.
Jean-Christophe se prépara à la manière de notre hôte sauf qu'il ne jouirait pas sur ma tête mais dedans. Je dois attendre les lèvres entrouvertes et, quand il eut envie, quit à ralentir, il me prit le crâne, le tira contre son ventre et se dépêcha de remplis ma gorge avec sa semence. Après, il regarda dedans, je lui montrai ce que j'ai encore, je refermai, puis je lui fit voir ce que j'ai pu avaler. C'est parfois la seule occasion de voir un visage famillier d'aussi près durant certaines soirées.
Jean-Christophe avait dit à Gérard de ne pas se retourner. Il l'avait parfaitement bien prit et comprit.
– Tu veux bien enfiler le sac ?
Le masque n'avait pas été prévu pour d'autres et surtout pas pour un homme massif et barbu. Le sans-abrit parvint tout-de-même à se masquer le visage, aveuglé, mais la bouche libre. Jamais, lui et moi nous connaîtront nos visages.
L'homme s'était recouché puis redressé du côté des autres. Je devais, maintenant à visage découvert, le déshabiller intégralement. J'ai délacé ses chaussures, ses chaussettes, lui rassit, arraché son pantalon et son slip descendus. J'ai dénoué son écharpe, ôté sa veste, son pull, son sous-pull, son T-shirt. J'ai même enlevé sa montre.
Jamais je ne vis jouir un homme comme quand il m'inonda la face. Je ne sais plus si je criais encore, en tous cas, ses jets entraient dans ma bouche et ma vue se troublait. Lui éjaculait dans le noir sans retenue et souillait une partie de la pièce. Jamais, peut-être, n'aurait-il fait cela à une femme dont il verrait le visage. J'ignore si le miens était encore visible ou reconnaissable. Je ne m'étais pas essuyée depuis la jouissance des deux autres qui me tenaient cette fois-ci les bras et les épaules contre le lit, agenouillée. mon maquillage coulait en ruisseaux jusqu'à mes cuisses, seule façon de m'en apercevoir.
Ma figure pleine de foutre, mon maquillage dégringolé, je descendit l'étage. Mes mains étaient menottées sur le devant, mon ciré sur mes épaules. Le vêtement s'écartait sur le devant, laissant mon sexe au vent glacial d'hiver.
Jean-Christophe démarra la BMW où il m'attendait et nou rentrâmes.
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