MaxLicenz
Accord entre fantasmes
Video ou être vue
La video
L’histoire assez singulière que je vais vous raconter débute en fin de matinée automnale. C’était un samedi, jour lequel Pierre et Aline effectuaient leurs courses. Ils en revenaient en bus, debout l’un près de l’autre, tenant une barre d’aluminium.
Pierre est grand et droit, bruns aux cheveux courts s’éclaircissant aux tempes. Son visage expressif et quelque peu ridé, pimente sa beauté d’une forte sévérité. Son imperméable gris est plutôt inutile malgré un ciel menaçant. Dessous, il portait un costume noir et souple, la chemise blanche au col sans cravate, discrètement ouvert.
Il se tenait derrière Aline, brune aux cheveux mi-longs colorés de rouge cuivré. Elle est plus petite, le visage fin et pointu aux traits harmonieux. Ses grands yeux noirs et son maquillage discret la rendaient particulièrement piquante. Son pull couleur noisette à col roulé, sans manche, est un peu léger en cette saison, mais assez dans une ville effervescente, qu’on traverse avec cabas et sacs. Sa jupe beige et étroite arrivait jusqu’au-dessus des genoux.
La brune scrutait ici et là, au travers des vitres du bus, façades et trottoirs. Par hasard, son regard, par-dessus son épaule droite, croisa celui de Pierre, amusé. Elle imagina l’entendre dire une fois de plus, avec un air moqueur: « Curieuse » Elle sourit intérieurement, les lèvres carmin amincies et les creux de ses joues aiguisés. Elle baissa les yeux vers une vieille dame assise face au dos de Pierre. Du coin de l’œil, elle remarquait les passants courir dans le vent vif d’une avenue.
La brune cuivrée remarqua quelque chose dans le sac tissé en synthétique bleu que son époux tenait dans sa main droite. Elle se tourna franchement, une fossette entre ses sourcils, en inclinant la tête. Elle laissa glisser les hanses de son sac publicitaire en plastique sur son poignet gauche et attrapa la barre d’aluminium. La main droite, libérée, enfonça le contenu du sac de Pierre avec précipitation. Celui en tissus rouge qui était pendu au creux du coude d’Aline, l’avait brutalement rejoint au sol. Pierre avait à sa main gauche un cabas de paille renforcée de cuir. Elle s’était penchée d’une façon peu discrète, ce dont elle s’est aperçue quand elle vit, à sa hauteur, le visage stupéfié de la vieille dame.
L’instant suivant, le bus arriva à l’arrêt qui se tenait quasiment au bas de l’immeuble où ils habitaient. Des gens se levèrent tandis que le véhicule ralentissait.
Aussi bien pour descendre les quelques marches du bus que pour traverser le trottoir, large et parsemé de feuilles sèches, que grimper les quatre étages de l’immeuble bourgeois, Aline précédait Pierre. L’escalier en colimaçon grinçait sou chaque pas de son époux et contait ainsi sa longue histoire passée. Sa forme était due l’étroitesse de l’immeuble, coincée entre deux autres, tous plus bourgeois les uns que les autres.
Les talons de la brune martelaient les marches sous les yeux de Pierre qui grimpait, également en se penchant en avant. Les époux, essoufflés, déposèrent leurs paquets sur le palier. Aline appuya sur ses reins en soufflant et se pencha avec peine pour fouiller dans son sac rouge. Elle en sortit un trousseau de clé refermé sur lui-même dans un étui de cuir. Elle l’ouvrit avec un bruit sourd de bouton métallique et agita la poignée de cinq clefs qui y dormaient. Elle enfonça l’une d’elle dans la serrure avec un bruit de pièces lourdes et usagées, les autres clefs heurtant la porte en chêne comme par jalousie.
Aline poussa la porte, prit ses paquets et continua à enfoncer le lourd panneau de bois avec sa délicate épaule que le pull noisette laissait dégarnie.
La brune ainsi que son époux laissèrent les sacs a l’entrée de la cuisine débouchant dans le couloir à leur gauche, précédant la salle de bain, faisant face aux chambres, d’abord la leur et une de secours, le tout avant un séjour fort agréable. Au centre de la grande pièce, le couple vint s’affaler sur un canapé très cossu, merisier sculpté et cuir plein fleur vert émeraude, au bord d’une table basse faite d’une roue de charrette couvert d’un épais rond de verre qui séparait les époux épuisés de deux fauteuils assortis. L’ensemble reposait sur un grand tapis perse. Le vaisselier, dans leurs dos, arborait de la porcelaine raffinée, en face, un bahut s’enorgueillissait de beaux cuivres et de petits meubles autour des deux fenêtres, couverts de plantes en cascade depuis des pots de style chinois. Sur la gauche, donc contre la chambre d’ami, se tenait une fort belle pièce malgré son usage moderne. Il renfermait un téléviseur derrière une double porte. Devant devait se tenir un spectateur occasionnel, dans une chaise longue garnie de velours côtelé marron. La tête était couverte d’un rond de dentelle.
-Dis-moi. C’est encore une vidéo porno ? Interrogea Aline qui a du ne pas cesser d’y penser, d’après sa manière d’attaquer directement, depuis qu’elle l’a vue dans le sac en plastique bleu.
-Heu oui, mais cette fois-ci, tu aimeras, répondit Pierre à son épouse qui le regardait avec une expression digne d’une prière de dernier recours.
-Admettons. Mais enfin, tu vas encore, plus ou moins, me tromper avec un film. Ironisait la brune.
-En quoi, je te trompe ? Tu sais bien que je préfère, plus qu’autre chose, la regarder avec toi. Souvent je t’imagine dans les scènes…
-Oui. Je ne sais pas si j’aimerais être vu pas tout un tas d’obsédés, renchéri Aline qui n’en pensait pas un moindre mot, elle pour qui la liberté n’a d’inconvénient que les autres et les effets naturellement pervers.
-Ça ne me dérangerait pas, conclut Pierre.
-C’était bien, l’autre fois…
-Andrew Blake, c’est le meilleur. C’est ce que j’ai pris.
Presque trois week-ends par moi, Aline tournait le fauteuil de cuir vert qui se tenait près de la chaise longue tandis que Pierre ouvrait le meuble dans lequel trônait le téléviseur. Il enfonça dans le lecteur la cassette qu’il venait de louer à la vidéothèque de la galerie commerciale. La brune s’essaya avec un air perplexe vu qu’au plus ce style l’amusait. Mais elle avait aussi prit goût au style que le mythique réalisateur américain déployait, critique de cinéma qu’elle était, sans préjugé, du moins elle s’interdisait d’interdire, et ne tarissait donc pas d’éloge à son égard.
Le film commençait avec un générique des plus soignés, défilant à l’envers contre le bord, sur un fond noir, d’images striées et distendues, bondissant d’un ralenti à une accélération, ou se décalant sur les trois composantes. Des flashs laissaient une traîne persistante, multicolore ou étirées dans un sens comme dans l’autre. Des femmes lascives et nues, à part quelques lanières de cuir, d’accessoires échancrés métalliques ; d’autres, cristallins, à usage très intime, des femmes couvertes de Latex, parfois jusqu’au yeux, mettant en valeurs des formes, les contraignant ou les exagérant.
Le voyeur
Le lendemain, Pierre, mais également Aline qui l’avouait moins aisément, avait en tête le film, et particulièrement une scène, qui avait hanté toute sa nuit et continuait d’errer dans les replis ambigus de son âme.
Madame,
Je me permets de prendre la plume pour vous écrire, malgré le caractère fort suspect de ce dont j’ai à vous faire partager. Vous risquerez de jeter cette lettre à la corbeille quand vous comprendrez la nature de mon propos.
Heureusement, et je vous prie de bien vouloir me croire au préalable, même si à ce stade cela vous paraisse obscur, cela m’est par accident.
J’habite en face de votre immeuble et j’eus l’étrange et malheureux réflexe de poser mon œil à ma lunette astronomique, samedi dernier vers vingt et une heures.
Même si je ne suis pas de marbre, je ne souhaite tirer aucun avantage et, je vous le répète, ce n’est pas une habitude de ma part. Mais je préfère vous prévenir que vos occupations intimes et, j’ose ajouter, respectables, risque de vous attirer des ennuis de la part d’autrui.
Si cette lettre à une allure tout autre qu’un simple avertissement, c’est parce que je crois devoir vous écrire autre chose. L’image qu’il me reste de vous et de votre époux, quoique assez floue par rapport à ce que vous regardiez, n’est pour moi que très superficielle et instantanée. Je vous prie de bien vouloir croire à ma volonté de lutter contre mon imagination dont vous êtes l’objet.
Evidemment, vous faites ce que vous voudrez de cette missive mais elle n’aura aucune suite. Toutes mes plus basses considérations me seront réservées.
Aline lève la tête vers le ciel, du moins vers le plafond du séjour, et laisse un sourire se répandre sur son visage clair. Une profonde lassitude s’empare de tout son être. Avec une certaine rage, elle saisit un crayon et note quelque chose sur la lettre qu’elle vient de recevoir avant de la glisser dans la poche droite de son manteau. Elle va à la fenêtre et scrute celles de l’autre versant de l’avenue. Elle va ouvrir un tiroir du vaisselier et se saisir d’un paire de jumelles et revient à la fenêtre. Ensuite, Aline, à l’œil nu, semble compter quelque chose et va ranger les jumelles à leur place. Elle claque la porte de l’appartement, descend l’escalier en colimaçon, sort de l’immeuble et traverse l’avenue. Elle remonte dans un immeuble similaire au sien et trouve une porte sous laquelle elle glissa le papier, qu’elle du aplanir préalablement sur le panneau de bois, et s’en alla.
Le samedi suivant, la brune, après moult hésitation, en regardant par la fenêtre dans son dos, qu’elle avait pensée aveugler en tirant les rideaux, assise dans le fauteuil rapproché de la chaise longue où Pierre s’était affalé, eut comme une excitation. Son époux la voyait s’agiter sur son siège, alors qu’elle se retournait, en consultant sa montre, avancée et droite sur l’assise. Aline autorisa, de son initiative et sans pincette, son époux à « sortir sa bite et à se branler » La petite brune s’enfonça dans son fauteuil devant un film qui, cette fois-ci, aurait du être de nature à lui déplaire. En temps normal elle aurait fait autre chose, ailleurs, Pierre ayant coupé le son au risque de se faire houspiller. Elle prenait un véritable plaisir, intérieur, contrairement à son époux qui se caressait discrètement, superposant à sa vision celle de la lettre qu’elle écrierait demain au voyeur, elle aimait se l’imaginer ainsi, longue de détails du film qu’elle regardait et des obscénités ciselées et exagérées.
Scenario
Le samedi suivant, Pierre n’était pas décider à emprunter une vidéo. En traversant la galerie commerciale Aline tira son époux par le bras.
-Viens, je voudrais voir quelque chose…
-Où ça ?
-Viens…
La brune et son grand homme poussèrent leurs chariots jusqu’à une vitrine qui faisait un angle au carrefour entre les caisses et une allée transversale. Pierre rechigna à abandonner les denrées à l’entrée de la boutique quand sa femme, après avoir balayé du regard l’étalage d’équipement électronique derrière la vitre, entra dans la boutique. Ce qui avait attiré son regard, c’était un grand écran de télévision sur lequel était apparemment branché une caméra et qui, ce qui avait accroché son intérêt, reproduisait un coin de la boutique. Elle était attiré à l’idée de mettre son œil au viseur de l’une des caméra, elle chercha lequel désignait l’endroit reproduit au téléviseur. C’était idiot, se dit-elle, quand elle vit un coin de la boutique sans intérêt puisque affiché en grand. La lettre du voyeur lui vient à l’esprit : j’eus l’étrange et malheureux réflexe de poser mon œil à ma lunette astronomique.
La brune s’ébahit devant l’allure de ces appareils, conquise par le numérique et d’autres atouts, elle qui était en restée au bon vieux caméscope. Elle fit un geste envers son Pierre qui épia à droite et à gauche, il n’y avait guère de passant, et se décida à laisser les chariots au coin des allées.
-Tu as vu le prix ?
-Heu, en Francs, ça fait plus… Moi et les maths, ça fait trois.
Pierre était captivé par la grande et correcte image qui s’affichait sur le large écran et fini par multiplier le nombre par sept. Il n’en croyait pas son calcul.
-… Pour filmer la baie d’Arcachon cet été…
Aline téléphona. S’énerva, sembla t-il à ne pas retrouver un numéro.
Un jour Aline, en tenue de travail, invite Pierre à s’asseoir et à regarder une vidéo.
Aline ne veut pas voir.
La vidéo commence par l’arrivée d’Aline dans la pièce dans une tenue affriolante.
Scène de sexe.
Un moment, Aline dit : « Dis-moi, Claude… » au voyeur « … As-tu le téléphone de Marc ?»
La vielle dame était descendue du bus et traversait l’avenue pour entrer dans l’immeuble d’en face.
Video ou être vue
La video
L’histoire assez singulière que je vais vous raconter débute en fin de matinée automnale. C’était un samedi, jour lequel Pierre et Aline effectuaient leurs courses. Ils en revenaient en bus, debout l’un près de l’autre, tenant une barre d’aluminium.
Pierre est grand et droit, bruns aux cheveux courts s’éclaircissant aux tempes. Son visage expressif et quelque peu ridé, pimente sa beauté d’une forte sévérité. Son imperméable gris est plutôt inutile malgré un ciel menaçant. Dessous, il portait un costume noir et souple, la chemise blanche au col sans cravate, discrètement ouvert.
Il se tenait derrière Aline, brune aux cheveux mi-longs colorés de rouge cuivré. Elle est plus petite, le visage fin et pointu aux traits harmonieux. Ses grands yeux noirs et son maquillage discret la rendaient particulièrement piquante. Son pull couleur noisette à col roulé, sans manche, est un peu léger en cette saison, mais assez dans une ville effervescente, qu’on traverse avec cabas et sacs. Sa jupe beige et étroite arrivait jusqu’au-dessus des genoux.
La brune scrutait ici et là, au travers des vitres du bus, façades et trottoirs. Par hasard, son regard, par-dessus son épaule droite, croisa celui de Pierre, amusé. Elle imagina l’entendre dire une fois de plus, avec un air moqueur: « Curieuse » Elle sourit intérieurement, les lèvres carmin amincies et les creux de ses joues aiguisés. Elle baissa les yeux vers une vieille dame assise face au dos de Pierre. Du coin de l’œil, elle remarquait les passants courir dans le vent vif d’une avenue.
La brune cuivrée remarqua quelque chose dans le sac tissé en synthétique bleu que son époux tenait dans sa main droite. Elle se tourna franchement, une fossette entre ses sourcils, en inclinant la tête. Elle laissa glisser les hanses de son sac publicitaire en plastique sur son poignet gauche et attrapa la barre d’aluminium. La main droite, libérée, enfonça le contenu du sac de Pierre avec précipitation. Celui en tissus rouge qui était pendu au creux du coude d’Aline, l’avait brutalement rejoint au sol. Pierre avait à sa main gauche un cabas de paille renforcée de cuir. Elle s’était penchée d’une façon peu discrète, ce dont elle s’est aperçue quand elle vit, à sa hauteur, le visage stupéfié de la vieille dame.
L’instant suivant, le bus arriva à l’arrêt qui se tenait quasiment au bas de l’immeuble où ils habitaient. Des gens se levèrent tandis que le véhicule ralentissait.
Aussi bien pour descendre les quelques marches du bus que pour traverser le trottoir, large et parsemé de feuilles sèches, que grimper les quatre étages de l’immeuble bourgeois, Aline précédait Pierre. L’escalier en colimaçon grinçait sou chaque pas de son époux et contait ainsi sa longue histoire passée. Sa forme était due l’étroitesse de l’immeuble, coincée entre deux autres, tous plus bourgeois les uns que les autres.
Les talons de la brune martelaient les marches sous les yeux de Pierre qui grimpait, également en se penchant en avant. Les époux, essoufflés, déposèrent leurs paquets sur le palier. Aline appuya sur ses reins en soufflant et se pencha avec peine pour fouiller dans son sac rouge. Elle en sortit un trousseau de clé refermé sur lui-même dans un étui de cuir. Elle l’ouvrit avec un bruit sourd de bouton métallique et agita la poignée de cinq clefs qui y dormaient. Elle enfonça l’une d’elle dans la serrure avec un bruit de pièces lourdes et usagées, les autres clefs heurtant la porte en chêne comme par jalousie.
Aline poussa la porte, prit ses paquets et continua à enfoncer le lourd panneau de bois avec sa délicate épaule que le pull noisette laissait dégarnie.
La brune ainsi que son époux laissèrent les sacs a l’entrée de la cuisine débouchant dans le couloir à leur gauche, précédant la salle de bain, faisant face aux chambres, d’abord la leur et une de secours, le tout avant un séjour fort agréable. Au centre de la grande pièce, le couple vint s’affaler sur un canapé très cossu, merisier sculpté et cuir plein fleur vert émeraude, au bord d’une table basse faite d’une roue de charrette couvert d’un épais rond de verre qui séparait les époux épuisés de deux fauteuils assortis. L’ensemble reposait sur un grand tapis perse. Le vaisselier, dans leurs dos, arborait de la porcelaine raffinée, en face, un bahut s’enorgueillissait de beaux cuivres et de petits meubles autour des deux fenêtres, couverts de plantes en cascade depuis des pots de style chinois. Sur la gauche, donc contre la chambre d’ami, se tenait une fort belle pièce malgré son usage moderne. Il renfermait un téléviseur derrière une double porte. Devant devait se tenir un spectateur occasionnel, dans une chaise longue garnie de velours côtelé marron. La tête était couverte d’un rond de dentelle.
-Dis-moi. C’est encore une vidéo porno ? Interrogea Aline qui a du ne pas cesser d’y penser, d’après sa manière d’attaquer directement, depuis qu’elle l’a vue dans le sac en plastique bleu.
-Heu oui, mais cette fois-ci, tu aimeras, répondit Pierre à son épouse qui le regardait avec une expression digne d’une prière de dernier recours.
-Admettons. Mais enfin, tu vas encore, plus ou moins, me tromper avec un film. Ironisait la brune.
-En quoi, je te trompe ? Tu sais bien que je préfère, plus qu’autre chose, la regarder avec toi. Souvent je t’imagine dans les scènes…
-Oui. Je ne sais pas si j’aimerais être vu pas tout un tas d’obsédés, renchéri Aline qui n’en pensait pas un moindre mot, elle pour qui la liberté n’a d’inconvénient que les autres et les effets naturellement pervers.
-Ça ne me dérangerait pas, conclut Pierre.
-C’était bien, l’autre fois…
-Andrew Blake, c’est le meilleur. C’est ce que j’ai pris.
Presque trois week-ends par moi, Aline tournait le fauteuil de cuir vert qui se tenait près de la chaise longue tandis que Pierre ouvrait le meuble dans lequel trônait le téléviseur. Il enfonça dans le lecteur la cassette qu’il venait de louer à la vidéothèque de la galerie commerciale. La brune s’essaya avec un air perplexe vu qu’au plus ce style l’amusait. Mais elle avait aussi prit goût au style que le mythique réalisateur américain déployait, critique de cinéma qu’elle était, sans préjugé, du moins elle s’interdisait d’interdire, et ne tarissait donc pas d’éloge à son égard.
Le film commençait avec un générique des plus soignés, défilant à l’envers contre le bord, sur un fond noir, d’images striées et distendues, bondissant d’un ralenti à une accélération, ou se décalant sur les trois composantes. Des flashs laissaient une traîne persistante, multicolore ou étirées dans un sens comme dans l’autre. Des femmes lascives et nues, à part quelques lanières de cuir, d’accessoires échancrés métalliques ; d’autres, cristallins, à usage très intime, des femmes couvertes de Latex, parfois jusqu’au yeux, mettant en valeurs des formes, les contraignant ou les exagérant.
Le voyeur
Le lendemain, Pierre, mais également Aline qui l’avouait moins aisément, avait en tête le film, et particulièrement une scène, qui avait hanté toute sa nuit et continuait d’errer dans les replis ambigus de son âme.
Madame,
Je me permets de prendre la plume pour vous écrire, malgré le caractère fort suspect de ce dont j’ai à vous faire partager. Vous risquerez de jeter cette lettre à la corbeille quand vous comprendrez la nature de mon propos.
Heureusement, et je vous prie de bien vouloir me croire au préalable, même si à ce stade cela vous paraisse obscur, cela m’est par accident.
J’habite en face de votre immeuble et j’eus l’étrange et malheureux réflexe de poser mon œil à ma lunette astronomique, samedi dernier vers vingt et une heures.
Même si je ne suis pas de marbre, je ne souhaite tirer aucun avantage et, je vous le répète, ce n’est pas une habitude de ma part. Mais je préfère vous prévenir que vos occupations intimes et, j’ose ajouter, respectables, risque de vous attirer des ennuis de la part d’autrui.
Si cette lettre à une allure tout autre qu’un simple avertissement, c’est parce que je crois devoir vous écrire autre chose. L’image qu’il me reste de vous et de votre époux, quoique assez floue par rapport à ce que vous regardiez, n’est pour moi que très superficielle et instantanée. Je vous prie de bien vouloir croire à ma volonté de lutter contre mon imagination dont vous êtes l’objet.
Evidemment, vous faites ce que vous voudrez de cette missive mais elle n’aura aucune suite. Toutes mes plus basses considérations me seront réservées.
Aline lève la tête vers le ciel, du moins vers le plafond du séjour, et laisse un sourire se répandre sur son visage clair. Une profonde lassitude s’empare de tout son être. Avec une certaine rage, elle saisit un crayon et note quelque chose sur la lettre qu’elle vient de recevoir avant de la glisser dans la poche droite de son manteau. Elle va à la fenêtre et scrute celles de l’autre versant de l’avenue. Elle va ouvrir un tiroir du vaisselier et se saisir d’un paire de jumelles et revient à la fenêtre. Ensuite, Aline, à l’œil nu, semble compter quelque chose et va ranger les jumelles à leur place. Elle claque la porte de l’appartement, descend l’escalier en colimaçon, sort de l’immeuble et traverse l’avenue. Elle remonte dans un immeuble similaire au sien et trouve une porte sous laquelle elle glissa le papier, qu’elle du aplanir préalablement sur le panneau de bois, et s’en alla.
Le samedi suivant, la brune, après moult hésitation, en regardant par la fenêtre dans son dos, qu’elle avait pensée aveugler en tirant les rideaux, assise dans le fauteuil rapproché de la chaise longue où Pierre s’était affalé, eut comme une excitation. Son époux la voyait s’agiter sur son siège, alors qu’elle se retournait, en consultant sa montre, avancée et droite sur l’assise. Aline autorisa, de son initiative et sans pincette, son époux à « sortir sa bite et à se branler » La petite brune s’enfonça dans son fauteuil devant un film qui, cette fois-ci, aurait du être de nature à lui déplaire. En temps normal elle aurait fait autre chose, ailleurs, Pierre ayant coupé le son au risque de se faire houspiller. Elle prenait un véritable plaisir, intérieur, contrairement à son époux qui se caressait discrètement, superposant à sa vision celle de la lettre qu’elle écrierait demain au voyeur, elle aimait se l’imaginer ainsi, longue de détails du film qu’elle regardait et des obscénités ciselées et exagérées.
Scenario
Le samedi suivant, Pierre n’était pas décider à emprunter une vidéo. En traversant la galerie commerciale Aline tira son époux par le bras.
-Viens, je voudrais voir quelque chose…
-Où ça ?
-Viens…
La brune et son grand homme poussèrent leurs chariots jusqu’à une vitrine qui faisait un angle au carrefour entre les caisses et une allée transversale. Pierre rechigna à abandonner les denrées à l’entrée de la boutique quand sa femme, après avoir balayé du regard l’étalage d’équipement électronique derrière la vitre, entra dans la boutique. Ce qui avait attiré son regard, c’était un grand écran de télévision sur lequel était apparemment branché une caméra et qui, ce qui avait accroché son intérêt, reproduisait un coin de la boutique. Elle était attiré à l’idée de mettre son œil au viseur de l’une des caméra, elle chercha lequel désignait l’endroit reproduit au téléviseur. C’était idiot, se dit-elle, quand elle vit un coin de la boutique sans intérêt puisque affiché en grand. La lettre du voyeur lui vient à l’esprit : j’eus l’étrange et malheureux réflexe de poser mon œil à ma lunette astronomique.
La brune s’ébahit devant l’allure de ces appareils, conquise par le numérique et d’autres atouts, elle qui était en restée au bon vieux caméscope. Elle fit un geste envers son Pierre qui épia à droite et à gauche, il n’y avait guère de passant, et se décida à laisser les chariots au coin des allées.
-Tu as vu le prix ?
-Heu, en Francs, ça fait plus… Moi et les maths, ça fait trois.
Pierre était captivé par la grande et correcte image qui s’affichait sur le large écran et fini par multiplier le nombre par sept. Il n’en croyait pas son calcul.
-… Pour filmer la baie d’Arcachon cet été…
Aline téléphona. S’énerva, sembla t-il à ne pas retrouver un numéro.
Un jour Aline, en tenue de travail, invite Pierre à s’asseoir et à regarder une vidéo.
Aline ne veut pas voir.
La vidéo commence par l’arrivée d’Aline dans la pièce dans une tenue affriolante.
Scène de sexe.
Un moment, Aline dit : « Dis-moi, Claude… » au voyeur « … As-tu le téléphone de Marc ?»
La vielle dame était descendue du bus et traversait l’avenue pour entrer dans l’immeuble d’en face.
Dim 12 fév 2006
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